Des produits sanguins stérilisés à l'excès ?

Stérilisation de produits sanguins

Biologiste infos

Certains procédés utilisés pour stériliser les produits sanguins pourraient être la source de sérieux problèmes de santé chez les personnes transfusées, selon une étude internationale publiée dans la revue Platelets.

Par Steven DIAI, publié le 17 juin 2014

Des produits sanguins stérilisés à l’excès ?

Cette étude, supervisée par le Pr Patrick Provost, de la Faculté de médecine de l’Université Laval et du centre de recherche du CHU de Québec indique que ces procédés altéreraient les plaquettes sanguines au point de les empêcher d’accomplir correctement leurs fonctions, ce qui expliquerait la survenue d’hémorragies observées chez des patients ayant reçu du sang ainsi traité.

« Le rôle des plaquettes dépasse largement leur participation à la coagulation du sang et à la cicatrisation des plaies. Elles renferment près du tiers du génome humain sous forme d’acide ribonucléique (ARN), ce qui leur permet de synthétiser plus de 1000 protéines intervenant dans des mécanismes indispensables au bon fonctionnement du corps », relate le Pr Provost. La présence de ce matériel génétique explique pourquoi les plaquettes sont affectées par les traitements visant les virus et les bactéries. « Les procédés utilisés ciblent le matériel génétique des organismes pathogènes, explique le Pr Patrick Provost. Ils ont été mis au point il y a plus d’une vingtaine d’années, avant qu’on réalise l’importance du matériel génétique contenu dans les plaquettes. »

Le Pr Provost et ses collègues ont découvert que ces traitements ont pour effet de stimuler les plaquettes sanguines, ce qui provoque la libération d’ARN. « Les plaquettes sanguines en sortent appauvries en ARN et, une fois transfusées, elles ne peuvent accomplir ce qu’elles feraient normalement », explique le chercheur.

Ces traitements sont déjà commercialisés dans certains pays dont la Suisse, la France et l’Allemagne et devraient l’être prochainement au Canada et aux Etats-Unis. Le professeur Provost déplore le peu d’études indépendantes qui se sont penchées sur l’innocuité de ces procédés et espère que les travaux de son équipe seront pris en considération par les organismes de régulation comme Santé Canada et la Food and Drug Administration des Etats-Unis. « Considérant ce que nous venons de démontrer, l’innocuité de ces traitements devrait être évaluée avec soin dans les pays où ils ne sont pas encore acceptés. Elle devrait aussi faire l’objet d’une réévaluation dans les pays qui les ont autorisés », conclut le professeur Provost.

D’après le bulletin électronique du Canada n°437

La rédaction