Un test de diagnostic rapide de résistance aux carbapénèmes

Bactériologie

Biologiste infos

Un test devrait bientôt changer le quotidien des biologistes : le carba NP test, qui permet le diagnostic rapide des souches résistantes aux carbapénèmes. Il repose sur une détection colorimétrique de l’acidification du milieu lorsqu’une carbapénème est hydrolysée par une carbapénèmase : le milieu passe alors du rouge au jaune. Mis au point l’an passé par les Pr Patrice Nordmann et Laurent Poirel, de l’Unité Inserm 914 “Résistances émergentes aux antibiotiques” (hôpital de Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre), ce test a fait l’objet d’un dépôt de brevets international auprès d’Inserm Transfert. « Sa commercialisation serait prévue pour 2014 par bioMérieux », indique le Pr Nordmann.

Les techniques actuelles de détection de ces souches sont onéreuses et donnent des résultats tardifs. « Le carba NP test est très rapide (30 à 60 minutes), détecte tous les types d’activité carbapénémase et présente une sensibilité et spécificité de 100 %, souligne le Pr Nordmann. Peu onéreux et facile à utiliser, il peut être implémenté partout dans le monde. Plus d’une cinquantaine de laboratoires dans le monde l’utilise déjà ».

« Pour l’instant, le carba NP test est validé sur des bactéries isolées à partir de tout type d’infection (urines lors d’une infection déclarée) ou à partir de bactéries isolées à partir des selles (portage), précise-t-il. Le but à terme est de pouvoir l’utiliser directement sur les prélèvements (urine, sang), sans passer par l’isolement et la culture ».

La prévalence des souches bactériennes résistantes aux carbapénèmes est en augmentation dans le monde entier. Il est important de pouvoir les détecter rapidement, afin de mettre en place une thérapeutique appropriée, et de contrôler leur diffusion. « Le problème de la résistance aux antibiotiques chez les entérobactéries est dominé actuellement par celui de la résistance aux carbapénèmes, explique le Pr Patrice Nordmann. En France, ces antibiotiques sont limités à un usage hospitalier, et prescrits majoritairement dans le cadre du traitement d’infections nosocomiales. Les souches productrices de carbapénèmases sont souvent résistantes à de multiples antibiotiques (aminoglycosides, fluoroquinolones, etc.), ce qui aboutit à de véritables impasses thérapeutiques. Par ailleurs, les gènes codant les carbapénèmases sont le plus souvent plasmidiques et se transfèrent donc très facilement entre entérobactéries ».

K.D.

Crédit photo : © Mattosaurus