L’Institut Pasteur souhaite renforcer sa recherche sur le virus Ebola
« Cette épidémie ne va pas disparaître rapidement et l’enjeu est de ne pas l’oublier », a déclaré Christian Bréchot, directeur général de l’Institut Pasteur. Il a annoncé la mise en place d’une « task force » sur ce sujet, afin de réunir les compétences des chercheurs « sur le moyen et le long terme ».
« Le risque est désormais permanent et il faut apporter une réponse sur le long terme », a confirmé Sylvain Baize, directeur du centre national de référence (CNR) des fièvres hémorragiques virales qui a identifié l'émergence de la souche Zaïre en Guinée
Les molécules non-homologuées envisagées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour lutter contre l'épidémie ont été découvertes depuis 2008, selon Noël Tordo, responsable de l'unité stratégies antivirales de l'Institut Pasteur. L’OMS est favorable à la mise en place d'essais cliniques le plus rapidement possible, « mais personne ne s’est investi financièrement pour aller jusqu’aux essais cliniques », a-t-il déploré. L’Institut Pasteur participera aux essais cliniques menés en Afrique en assurant le suivi virologique des patients.
Depuis le début de l'épidémie, l'Institut Pasteur de Dakar, qui a coordonné le diagnostic en Guinée, a analysé près de 900 échantillons. Amadou Sall, responsable de l'unité arbovirus et virus de fièvres hémorragiques de l'Institut Pasteur de Dakar, a rappelé l'intérêt de diagnostiquer, former et évaluer de nouveaux traitements et vaccins au sein de structures qui bénéficient de la confiance des autorités locales, implantées de longue date sur le terrain.
L'institut compte mettre en place de nouveaux programmes de laboratoires mobiles et réfléchit à "l'implantation d'une structure Pasteur en Guinée", a indiqué son directeur général.
Interrogé sur l'administration de sérum de patients convalescents, recommandé en priorité par l'OMS parmi les traitements non-homologués, Noël Tordo estime « qu’il faut être certain que ce qui est transféré est sûr ». Par ailleurs, il a rappelé que pour être efficaces, les anticorps transfusés devaient être neutralisants. « Cela nécessite de la recherche », a-t-il ajouté.
S'appuyant sur les données publiées « depuis 20 ans », le directeur du CNR a également émis des réserves sur l'efficacité des sérums de convalescents.