10 milliards d’économies prévues dans la Santé d’ici à 2017
La baisse du prix des médicaments rapportera 3,5 milliards et des économies à hauteur de 2,5 milliards d’euros seront effectuées sur les actes inutiles. Les hôpitaux seront aussi mis à contribution, à hauteur de 2 milliards d’euros.
« Un effort sans précédent », a déclaré Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales lors d’une interview réalisée par le journal Les Échos. 10 milliards d’économies sont en effet prévus ces trois prochaines années sur les dépenses de santé. Pour autant, selon la ministre, il ne s’agit pas d’aboutir « à un système de santé low cost ». « Le projet pour la santé comme le pacte de responsabilité et de solidarité est au cœur d’une politique cohérente, fondée sur des réformes de structure. Si nous voulons préserver notre modèle envié dans le monde, le statu quo est impossible. Nous devons faire le pari de l’innovation, relever les défis du vieillissement ainsi que les contraintes financières. C’est l’occasion de réaffirmer la force de notre modèle social qui contribue à notre attractivité, détaille la ministre. Mon objectif est que notre système soit plus simple, plus proche et mieux organisé. »
Économies, mode opératoire
« Il n’y aura pas de rupture mais une accélération des mesures qui sont déjà engagées », a expliqué Marisol Touraine. « L’effort demandé sera progressif, car les économies dégagées par les réformes structurelles vont s’amplifier avec le temps. Dès 2015, la progression des dépenses sera limitée à 2,1 %, elles continueront à augmenter, mais moins vite. » Selon la ministre, elles devraient passer de 2 % en 2016 à 1,9 % en 2017.
Il n’y aura ni déremboursements ni nouvelles franchises. Le plan d’économies sur trois ans se déclinera en quatre grands axes :
« D’abord, l’accent sera mis sur les soins de proximité, en favorisant la coopération entre la médecine de ville, l’hôpital et les maisons de retraite. Les séjours hospitaliers doivent être moins fréquents et moins longs. […] Dès 2016, une opération sur deux pourra être réalisée en ambulatoire », affirme la ministre. Des objectifs seront fixés par région et par pathologie. « Des programmes seront mis en œuvre pour accompagner les sorties d’hospitalisation, ce qui permettra de réduire la durée des séjours. Au total, 1,5 milliard pourra être économisé sur trois ans dans ce domaine, dont près de 1 milliard pour la chirurgie ambulatoire. »
Le second axe visera à garantir un meilleur usage des soins en évitant les actes inutiles ou redondants et la consommation de médicaments inadaptée. « Nous en attendons 2,5 milliards d’euros d’économies d’ici à 2017 », assure Marisol Touraine, qui poursuit par cet exemple : « tout le monde en a fait l’expérience, il n’est pas rare que des radios ou des analyses médicales soient faites deux fois. Des mesures seront prises pour y remédier. »
Des listes de médicaments recommandés seront établies par les médecins, pour chaque spécialité, afin de faciliter la qualité de la prescription. « Nous consommons trop de médicaments, trop de médicaments de marque et trop de médicaments chers. Le plan d’économies prévoit donc des baisses de prix pour les produits de marque comme pour les génériques. C’est inévitable si nous voulons dans le même temps favoriser l’innovation », déclare la ministre. Par ce procédé, la ministre prévoit une économie de 3,5 milliards d’euros en trois ans et est favorable à une campagne d’information « pour dissiper les doutes qui subsistent sur la qualité des génériques. »
Enfin, le plan escompte la réalisation de 2 milliards d’euros d’économies dans les hôpitaux. « Ils devront en particulier mieux gérer et mutualiser leurs achats. Des mesures seront aussi prises pour résorber le recours excessif aux médecins intérimaires, qui coûte trop cher aux établissements publics. Pour parvenir à 10 milliards, le gouvernement prendra en outre des mesures de lutte contre la fraude. »
Et la Ministre de conclure : « C’est à l’avenir que nous travaillons, nous devons nous mobiliser collectivement. »
D’après une interview réalisée par Vincent Collen (Les Échos)