Une équipe française identifie des nouveaux gènes impliqués dans le cancer du foie
Jessica Zucman-Rossi, directrice de recherche Inserm (UMR 1162- Génétique fonctionnelle des tumeurs solides), pilote un projet portant en particulier sur les carcinomes hépatocellulaires (CHC). Le CHC représente la 2ème cause de mortalité par cancer dans le monde et est associé à divers pathologies pré-existantes telles que les infections par le virus de l’hépatite B et C, la consommation excessive d’alcool, les surcharges en fer ou les hépatites chroniques liées à l’obésité.
Par des techniques de séquençage à haut débit, Jessica Zucman-Rossi et ses collaborateurs ont étudié plus particulièrement les cancers liés à la consommation excessive d’alcool et à l’obésité pour identifier les mutations et les réarrangements impliqués dans la genèse de la tumeur cancéreuse, la progression et la résistance de la maladie.
Un pas de plus vers une médecine personnalisée pour les patients atteints de cancers
Les travaux menés par l’équipe et publiés le 30 mars 2015 dans la revue scientifique Nature Genetics montrent l’existence d’un lien entre l’exposition à des facteurs de risque des individus au cours de leur vie (alcool, tabac, toxique alimentaire) et les mutations de l’ADN observées dans les tumeurs. Chaque tumeur est ainsi le résultat d’une combinaison unique d’altérations touchant en moyenne une quarantaine de gènes. La complexité de cette diversité génétique explique en grande partie les phénomènes de résistance aux traitements actuels. Cependant, l’établissement de ce nouveau catalogue de gènes permet d’identifier dans près d’un cas sur 3 une altération génétique qui pourrait être ciblée par un médicament anti-tumoral.
Parmi les premières mutations à l’origine de la transformation maligne des cellules du foie mises en évidence au cours de l’étude, des mutations du promoteur de TERT, codant pour la télomérase, se sont révélées être les évènements les plus précoces. Cette observation devrait pourvoir améliorer le diagnostic précoce et détecter les malades les plus à risque de développer un cancer du foie.
Consortium international
Ce travail, coordonné et financé par l’Institut National du Cancer, a été réalisé en collaboration étroite avec l’Inserm. Il fait également partie des projets du consortium international de génomique du cancer (ICGC), créé en 2008 afin de rassembler des chercheurs du monde entier pour analyser de manière approfondie 50 types ou sous-types de tumeurs cancéreuses.
L’Institut National du Cancer et l’ITMO Cancer d’Aviesan (Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé) assurent la coordination et le soutien de la participation française à ce programme portant entre autres sur le cancer du sein, les cancers agressifs de la prostate, et le cancer du foie.
Prochaine étape ? L’efficacité des médicaments prescrits en fonction des altérations du génome devra être démontrée dans des essais thérapeutiques de nouvelle génération dit « genome based clinical trial » qui constitueront la base du futur projet international ICGC2.
http://www.nature.com/ng/journal/v47/n5/full/ng.3252.html