Plus de 18 000 décès supplémentaires durant l’épidémie de grippe en 2015, selon l’InVS
Cette épidémie, dominée par le virus A (H3N2) (55% des infections), a été « d’une ampleur forte et d’une gravité importante », selon l’InVS. Elle a duré neuf semaines, a conduit à 2,9 millions de consultations pour syndrome grippal et près de 30 000 passages aux urgences pour grippe, suivis dans 3133 cas d’une hospitalisation. Les cas graves de grippe admis en réanimation étaient au nombre de 1558. L’épidémie de 2015 « est au 14e rang des valeurs les plus élevées observées ces 30 dernières saisons ».
Concernant la gravité, « la proportion d’hospitalisations parmi les passages aux urgences pour grippe pendant l’épidémie a été de 11%, alors qu’elle variant, selon les saisons, entre 6 et 9% depuis la pandémie de 2009 ».
Les 18 300 décès observés durant ces neuf semaines d’épidémie concernaient à 90% des sujets âgés de plus de 65 ans. L’InVS précise que cet excès de mortalité était « lié à la grippe et d’autres facteurs hivernaux ». Il note par ailleurs que cette situation n’est pas spécifique à la France. On a observé « un excès de 90 000 décès dans 13 des 15 pays participant à la surveillance européenne de la mortalité hivernale ».
L’analyse des virus grippaux isolés montre que 75% étaient des virus de type A (19% de A(H1N1) similaires au virus pandémique de 2009, 55% de virus A(H3N2) et 1% de virus A non sous-typés) et 25% étaient de type B. « Tous les virus grippaux A(H1N1)pm09 ainsi que la majorité des virus grippaux de type B caractérisés étaient analogues aux souches vaccinales. Par contre, parmi les virus A(H3N2), un peu moins de la moitié s’en distinguait », précise l’InVS, notant que globalement « une majorité des virus grippaux circulant étaient couverts par le vaccin ». Mais l’institut déplore la « poursuite de la baisse de la couverture vaccinale des populations à risque, avec 53% de personnes à risque non vaccinées contre la grippe ».
« Militants » du vaccin contre la grippe
Dans un communiqué sur la surmortalité durant cette épidémie de grippe, la confédération des syndicats médicaux français, la CSMF, note que « cette situation doit nous rappeler que le virus de la grippe n’est pas un virus bénin et notamment chez les populations âgées et fragiles ». Elle déplore elle aussi la couverture vaccinale insuffisante, et s’interroge que le « courant anti-vaccination qui s’est installé en France », en revenant à nouveau sur ses reproches faits lors de la pandémie grippale où les médecins généralistes avaient été écartés de la vaccination.
Dans un autre communiqué, l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) note qu’il y a eu « plus de morts que lors de la canicule de 2003 ». Se félicitant du « taux élevé de vaccination » dans les établissements, l’AD-PA estime que « la question majeure concerne l’aide aux personnes âgées à domicile ». Il faut « développer les aides aux personnes, même peu handicapées, pour les conseiller sur leur santé (par exemple la vaccination) et les accompagner ensuite dans ce type de démarche ».
La secrétaire d’Etat à la famille, aux personnes âgées et à l’autonomie, Laurence Rossignol, a annoncé dimanche qu’elle réunirait en septembre les fédérations d’aide à domicile afin qu’elles soient des « militants » du vaccin contre la grippe auprès des personnes âgées.
« Le virus a muté ce qui a affaibli l’efficacité du vaccin mais surtout, on a constaté que sur l’année dernière, le taux de vaccination, et particulièrement chez les personnes âgées, avait baissé et qu’on était passé en-dessous de 50% de vaccination », a-t-elle insisté lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI dimanche soir. « Chez les plus de 65 ans, le vaccin est gratuit, donc il devrait être quasi systématique ».