Le sepsis, un fléau méconnu

Le Pr Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur rappelle que « le sepsis est la complication la plus grave des infections quel que soit le pathogène responsable ». Le sepsis caractérise une réponse inflammatoire généralisée associée à une infection grave. Le 12 septembre dernier, à l’occasion de la Journée mondiale contre le sepsis, l’Institut Pasteur a accueilli le colloque « Sepsis, tous unis contre un fléau méconnu », organisé par douze sociétés savantes sous l’égide du ministère des Solidarités et de la Santé.

Les projections suggèrent un doublement du nombre de cas d’ici 50 ans, notamment lié au vieillissement de la population. Améliorer la prise en charge de cette infection, renforcer les connaissances des professionnels de santé et du grand public sont donc des priorités de santé publique. Dans ce contexte, la 70e assemblée mondiale de la santé, en mai 2017, a élaboré des recommandations sur l’amélioration de la prévention, du diagnostic et de la prise en charge clinique de l’état septique, à destination des États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). À la suite de ces recommandations, la Direction générale de la santé (DGS) a mis en place un groupe de travail mené par le Pr Djillali Annane, professeur en réanimation à l’hôpital Raymond-Poincaré, afin d’analyser la situation du sepsis en France et, à terme, améliorer la prise en charge des patients concernés par cette maladie. Ce groupe de travail comprend les représentants de douze sociétés savantes.

La rencontre publique du 12 septembre organisée à l’Institut Pasteur avait pour objet de donner de la visibilité à cette maladie méconnue et à l’action entreprise par la DGS. Introduite par Jérôme Salomon, Directeur général de la santé, et animée par le Pr Djillali Annane, cette rencontre a permis de faire le point sur la définition du sepsis et sur les chiffres en France. Les données épidémiologiques françaises sur le sepsis sont rares. Loïc Josseran, de la Société française de santé publique (SFSP) a réalisé une estimation de l’épidémiologie du sepsis en France à partir des données du programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) et du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC). Ces données descriptives, même si elles doivent être interprétées avec précaution du fait des nombreux biais potentiels, mettent en évidence l’existence d’un gradient de mortalité liée au sepsis évoluant avec l’âge. Chez l’enfant, les données ont été présentées par Christèle Le Guen, de la Société française de pédiatrie (SFP). La population la plus touchée est celle des enfants de 0 à 2 ans, avec un taux d’incidence de 13,4 infections bactériennes sévères pour 100 000 enfants-années*. Environ 65 % des infections documentées, 71 % des décès et près de la moitié des cas de séquelles graves étaient liés au méningocoque ou au pneumocoque. Une part non négligeable de ces infections seraient prévenues par la vaccination. Enfin, cette journée a été l’occasion de réfléchir à la définition du terme « sepsis » et au mot lui-même (peu évocateur), qui pourrait être remplacé par une terminologie plus simple comme « infection grave ». Une campagne de communication pourrait sensibiliser le grand public aux dangers de cette maladie.          

*Lorton et al., Paediatr Perinat Epidemiol. 2018 Aug 31.

NB avec l'APM