Vers de nouveaux business models
A travers cette enquête, Medicus AI a souhaité « mieux comprendre la réalité quotidienne et les aspirations des biologistes médicaux, et ainsi accompagner au mieux son marché » confie Gery Pruvost, directeur France de Medicus AI. Six thématiques se dégagent de ce travail : la biologie médicale à la croisée des chemins ; construire une proximité relationnelle avec le patient ; développer la complémentarité interprofessionnelle ; la révolution de la donnée de santé ; la biologie délocalisée et point of care, et enfin, des nouveaux business models. Selon le Dr Baher Al Hakin, CEO de Medicus AI, « les dix prochaines années seront cruciales pour l’industrie du diagnostic. Il faut s’attendre à 3 vagues d’innovation : la biologie délocalisée, les avancées technologiques, et l’intelligence artificielle ».
De nouveaux enjeux
Les principaux enjeux de notre industrie, les nouveaux modèles économiques et le lien entre révolution des données biologiques et vie privée ont été abordés lors de la journée de présentation du rapport le du 8 octobre dernier. François Banchecotte, président du SDB (Syndicat des biologistes) donne le ton : « Nous avons tous les éléments pour aller vers une médecine personnalisée en utilisant les données aujourd’hui non exploitées. Mais nous devrons trouver une attractivité pour les jeunes biologistes et déterminer ce qu’apporte la profession en dehors du système de soin remboursé ». « Quel est l’appareil que nous utilisons le plus aujourd’hui ? » interroge Sylvain Gabuthy Directeur développement des biologistes indépendants (LBI). « Nos données ont de la valeur et nous devons partager cette valeur avec les moyens modernes : le smartphone » préconise-t-il. « Un enjeu majeur de ces prochaines années sera la prévention et le dépistage, via le calcul de scores de risque permettant une médecine prédictive très fine » ajoute Philippe Cart-Lamy, président du groupe Oriade, groupe régional Rhône Alpes-Auvergne. MyLab, une application mise en place au Luxembourg par Bionext lab donne un aperçu des possibilités offertes par les nouvelles technologies. Résultats d’analyses, calculs de scores de risque, interactions avec les objets connectés… « Nous apportons le labo dans la poche du patient, de l’infirmière et du médecin » affirme Jean-Luc Dourson, PDG et fondateur de Bionext Lab. « L’arrivée de la technologie smartphone contribue fortement à l’acceptation de ces nouveaux outils » témoigne-t-il. « Il est essentiel que les applications soient très complètes au niveau de leurs fonctionnalités, sous peine d’être désinstallées très rapidement » complète Serge Payeur, Co-fondateur des sociétés SIL-LAB Expert et SIL-LAB innovations, et membre du bureau de la Société Française d’Informatique de Laboratoire (SFIL). « Le retour d’expérience de la solution IDELab pour l’accompagnement des infirmières faisant des prélèvements à domicile, est très positif, et ce surtout pour la valeur informationnelle du contenu de l’application qui est une vraie aide dans la pratique quotidienne » partage-t-il.
Ethique et protection des données
« Selon l’Avis 129 du comité consultatif d’éthique, il ne serait pas éthique de fermer la voie à l’IA et au numérique vu les apports de ces technologies » rapporte David Gruson, Fondateur de Ethik-IA, directeur général du CHU de la Réunion, délégué général de la Fédération Hospitalière de France. Sur les liens entre éthique et innovation, quatre grands principes se dégagent : éviter la sur-réglementation, assurer une garantie humaine, comme spécifié dans l’article 11 de du projet de loi de bioéthique, réguler le niveau de protection en fonction de la sensibilité des données, et accompagner les professionnels à l’évolution des métiers. « Le compte rendu de biologie continuera à s’enrichir pour devenir la donnée de toutes les données, sous forme d’une plateforme de synthèse de laquelle un grand nombre d’interprétations pourrait être déduites. Or toute information n’est pas bonne à donner brute. Nous en sommes encore loin, mais cela risque de venir plus vite qu’on ne le pense. Les biologistes vont devoir traiter la surabondance de l’information et aider le patient à se repérer » se projette David Gruson.