Medica 2024 : des tests bio toujours plus petits, rapides, innovants…

Incontournable, la gestion de la donnée, les IA étaient forcément au coeur de nombreuses interventions au sein du Medica Labmed Forum. « Jusqu’à présent, nous avons surtout pris en compte les résultats de laboratoire individuels. À l’avenir, nous analyserons des modèles de données de plus en plus complexes à l’aide de l’apprentissage automatique et nous les regrouperons sous forme de scores de diagnostic complexes. La médecine de laboratoire évolue actuellement d’une discipline purement analytique vers la science des données. Dans ce processus, la collaboration interdisciplinaire entre les techniciens de laboratoire et les scientifiques spécialisés dans les données, en particulier les informaticiens et les biostatisticiens, devient de plus en plus importante. » souligne ainsi Stefan Holdenrieder, directeur scientifique du MEDICA LABMED FORUM.

Des obstacles qu’il reste à franchir

Une journée du Forum est consacré aux jeunes scientifiques. A cette occasion, le Dr Verena Haselmann (MD) du Centre médical universitaire de Mannheim a donné un aperçu des progrès les plus récents dans le domaine des données et de leur exploitation et des obstacles qui doivent encore être surmontés. Un focus particulier a porté sur les dispositifs médicaux pour le suivi en continu sur le patient des paramètres de diagnostic, les nouvelles exigences en matière de qualité et la pénurie de personnel qualifié qui font partie des obstacles à surmonter. Les discussions ont aussi porté sur la thérapie personnalisée basée sur des modèles individuels de paramètres de laboratoire, la synergie interdisciplinaire du laboratoire et de l’imagerie dans les diagnostics intégrés et l’utilisation de l’intelligence artificielle.

De nombreuses annonces d’innovation

MEDICA est toujours l’occasion de nombreuses annonces en matière d’innovation. Nous en avons choisi deux innovations pour illustrer les tendances actuelles en matière de développement de biomarqueurs.

  • Un simple bain de bouche pour prédire les récidives de cancer de la tête et du cou

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Le Dr Elisabeth Franzmann co-auteur de l’étude. / Crédit DR.

Une étude menée par des chercheurs du Sylvester Comprehensive Cancer Center de la Miller School of Medicine de l’Université de Miami, de l’UC San Diego Health et d’autres centres collaborateurs suggère qu’un simple test basé sur un bain de bouche pourrait aider à prédire la récidive des cancers de la tête et du cou.
Cette étude, publiée dans JAMA Otolaryngology – Head & Neck Surgery , a porté sur 160 patients et a cherché à déterminé si deux biomarqueurs, l’antigène CD44 (une molécule initiatrice de tumeurs), et les niveaux totaux de protéines, détectés dans la salive recueillie à partir de bains de bouche pouvaient être utilisés pour prédire la récidive du cancer. « Notre étude suggère que la détection de biomarqueurs dans la salive recueillie à partir d’un bain de bouche après le traitement initial offre le potentiel d’évaluer facilement le risque de récidive », a déclaré le Dr Elizabeth Franzmann, chirurgienne de la tête et du cou à Sylvester et co-auteure correspondante de l’étude. Ajoutant que « Comparés aux patients ayant des taux de protéines normaux trois mois après le traitement, les patients ayant environ deux fois plus de protéines totales présentaient un risque de récidive estimé à 65 % supérieur. » De plus, les patients ayant des taux de CD44 trois fois supérieurs à la normale présentaient un risque de récidive supérieur de 62 %. L’étude a aussi permis de recueillir de premières données pour le développement d’un point-of-care pour mesurer ces biomarqueurs. permettant une détection précoce et réduisant le recours à des procédures plus invasives.

  • Un pipette acoustique pour détecter et isoler des biomarqueurs sur sang total au chevet du patient

Publiée dans Science Advances , une étude de chercheurs de l’Université du Colorado à Boulder présente une pipette acoustique pour purifier et étiqueter des biomarqueurs dans un échantillon de sang en 70 minutes. Le fonctionnement repose sur des particules de contraste acoustique (fNACP: contraste acoustique négatif fonctionnel). Ces particules sont conçues pour capturer des biomarqueurs spécifiques au sein d’un échantillon de sang total. Des ondes sonores sont ensuite émises par une pipette acoustique. La taille (de l’ordre d’une cellule) et la compressibilité des fNACP font que ces particules vont être piégées sur les anti-noeuds d’une onde acoustique stationnaire, se séparant des autres composants du sang en moins de 60 secondes avec une efficacité de l’ordre de 99%. Les fNACP sont ensuite marquées par fluorescence dans la pipette et sont analysées à la fois par un fluorimètre portable personnalisé et par un cytomètre de flux. Le système a été testé pour la détection d’anticorps anti-ovalbumine dans le sang à des niveaux picomolaires (35 à 60 pM) avec des contrôles intégrés montrant une adsorption non spécifique minimale. Une nouvelle approche pour la détection fiable de biomarqueurs sanguins au chevet du patient. Une preuve de concept qu’il reste à développer, valider de manière pertinent pour des usages ciblés en biologie délocalisée.

 

MEDICA 2025 est programmé du 17 au 20 novembre 2025.