Epidémie de Mpox : le monde se mobilise

Rappels sur Mpox

Le virus Mpox est un virus à ADN double brin (environ 200 kilobases), de la famille des Poxviridés et du genre Orthopoxvirus. Apparenté au virus responsable de la variole humaine, une maladie déclarée éradiquée, grâce à la vaccination, en 1980, on l’appelle aussi “variole du singe” ou Monkeypox en anglais car c’est chez des singes qu’il a été identifié. Mais en réalité c’est une zoonose qui provient des rongeurs. (source Institut Pasteur). Le réservoir n’a pas encore été formellement identifié.

On distingue deux principaux clades :

le clade 1 : souche “historique” du virus, présent dans le Bassin du Congo en Afrique Centrale. L’épidémie africaine actuelle est issue d’un variant, le clade 1b. Il reste aujourd’hui de nombreuses questions sur sa virulence et sa gravité par rapport aux autres souches.
le clade 2 présent en Afrique de l’Ouest. Le virus qui circule à bas bruit depuis 2022 actuellement en Europe, le clade 2b, provient du clade 2 impliqué plutôt dans les épidémies du Nigéria.

De récentes études sur l’histoire génomique du virus suggèrent des introductions régulières depuis des animaux forestiers (Voir cet article de l’Institut Pasteur)

Symptômes

L’infection se caractérise par

  • une période d’incubation d’une douzaine de jours
  • souvent, un syndrome fébrile 1 à 4 jours où le malade est déjà contagieux
  • une éruption cutanée sur tout le corps 2 à 4 semaines. L’épidémie en cours semble provoquer des éruptions préférentiellement dans les zones anogénitales.

Transmission

  • Par contact direct (fluides corporels, muqueuse, lésions cutanées, dans une moindre mesure par gouttelettes. Cet aspect est encore mal documenté).
  • Par contact indirect via les objets ou linge touchés par le malade – d’où l’importance de la désinfection

Gravité

Globalement moins contagieuse et plus bénigne que la variole, l’infection peut néanmoins devenir grave pour les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes et les jeunes enfants avec des risques de surinfection des lésions cutanées, d’atteintes respiratoires, digestives, ophtalmologiques ou neurologiques. La létalité est de 3 à 6% sur les dernières épidémies africaines. Elle dépend beaucoup du niveau de prise en charge, ainsi au niveau mondial, le taux descend à 0,2%. L’épidémie en cours montrerait une létalité plus importante, notamment chez les enfants, sans que l’on sache si c’est la souche qui en est responsable ou l’absence d’une prise en charge adéquate.

Diagnostic

Par examen clinique (infectiologue, dermatologue) et par confirmation par PCR sur des écouvillons principalement oropharyngés ou de pustules.

Traitements

Un antiviral, le Tecovirimat peut être utilisé sur les cas grave. La vaccination classique anti-variolique apporte une protection croisée mais de nouveaux vaccins, plus spécifiques et présentant moins d’effet secondaire sont maintenant proposés.

Au niveau mondial, l’OMS préconise l’utilisation du vaccin MVA-BN de Bavarian Nordic vendu sous les marques Jynneos, Imvamune et Imvanex (En France Imvanex et une autorisation d’importation du Jynneos) ou du LC16 (vaccin développé par le japonais KM Biologics). En cas de non disponibilité des deux premiers, l’ACAM2000, vaccin de 2er génération contre la variole peut être utilisé.

L’alerte de l’OMS

Comme l’indique le ministère de la Santé : “Mercredi 14 août 2024, l’OMS a déclenché une “Urgence de santé publique de portée internationale” (USPPI) face à la circulation active du mpox de clade 1 en Afrique Centrale. Le risque global d’infection par le clade 1 du mpox pour la population générale de l’UE/EEE est actuellement considéré par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) comme faible. Ce risque est considéré comme modéré pour les personnes ayant de multiples partenaires sexuels (qui n’ont pas été infectées par le mpox ou qui n’ont pas été vaccinées lors de l’épidémie de 2022) et est considéré comme élevé en cas de contacts étroits avec des cas importés de mpox. Aujourd’hui en France, aucune contamination par le Clade 1 n’a été recensée, toutefois des cas sporadiques pourraient survenir.”

Les chiffres

Les chiffres qui circulent sur le nombre de cas sont très hétérogènes portant sur des épidémies et des périodes différentes. Le Secrétariat de l’OMS a présenté un aperçu de la situation épidémiologique mondiale de la mpox, annonçant qu’au cours du premier semestre 2024, “les 1 854 cas confirmés de mpox signalés par les États Parties de la Région africaine de l’OMS représentaient 36 % (1 854 sur 5 199) des cas observés dans le monde. Parmi ces cas confirmés dans la Région africaine de l’OMS en 2024, 95 % (1 754 sur 1 854) avaient été signalés en République démocratique du Congo (RDC), pays qui connaît une recrudescence de la mpox, comptabilisant plus de 15 000 cas compatibles avec la description clinique et plus de 500 décès signalés, soit plus que le nombre de cas enregistrés dans le pays en 2023.”

Mesures et réactions

Le 26 août, l’OMS a lancé un plan stratégique mondial de préparation et de riposte en vue d’endiguer l’épidémie en cours. Il couvre la période de six mois allant de septembre 2024 à février 2025 et prévoit des besoins de financement de 135 millions de dollars pour l’action de l’OMS, des États Membres et des partenaires, notamment les Centres africains de prévention et de contrôle des maladies (CDC-Afrique), les communautés, les chercheurs et d’autres acteurs.

Ce plan, qui s’appuie sur les recommandations permanentes formulées par le Directeur général de l’OMS.

La particularité de l’épidémie qui sévit particulièrement en Afrique est qu’il y a d’une part une contamination via les réservoirs forestiers habituels et d’autre part une forte dissémination interhumaine, notamment dans les zones urbaines très denses.

En France, les infections par les orthopoxvirus dont le Mpox font l’objet d’une surveillance pérenne par le dispositif de la Déclaration Obligatoire et par la caractérisation des souches virales par le Centre National de Référence (CNR) des Orthopoxvirus. Mais, compte tenu de l’alerte en cours, la surveillance de ces infections a été renforcée par Santé publique France.

Envoyé aux professionnels de santé vendredi dernier, un DGS-Urgent rappelle que « tout cas suspect doit ainsi être signalé sans délai à l’ARS » de la région concernée afin « qu’elle mette en place les mesures nécessaires à la limitation du risque de propagation » et en particulier une « vaccination réactive autour des cas » afin de limiter le risque de propagation comme cela avait été le cas lors de l’épidémie de mpox survenue en 2022.

L’institut Pasteur a par exemple activé sa cellule d’urgence (CIBU) et s’est déclaré prêt à prendre en charge les patients atteints de mpox (lien vers le communiqué du 19 août.

Le ministère de la santé a édité un FAQ sur le sujet et a mis à disposition un numéro vert (0 801 90 80 69)  et a publié le 27 août une fiche avec les informations pertinentes à destination des professionnels de santé.

Développer la vaccination préventive

Les personnes adultes contacts à risque élevé de contracter le virus mpox tels que définis par Santé publique France peuvent être vaccinées, incluant les professionnels de santé exposés sans mesure de protection individuelle. Il s’agit d’une vaccination post-exposition, dans une stratégie réactive autour d’un cas confirmé de mpox. Dans l’idéal, le vaccin doit être administré dans les 4 jours après le contact à risque et au maximum 14 jours.

L’étude française DOXYVAC parue dans The Lancet, fin juillet 2024, montre que la vaccination est vraisemblablement une bonne protection contre le mpox. Depuis l’alerte africaine puis celle de l’OMS, les pays occidentaux se mobilisent pour envoyer des vaccins massivement en Afrique afin d’aider à enrayer l’épidémie avant qu’elle ne se propage réellement au reste du monde. Rappelons qu’un premier cas a été détecté en Suède au 15 août et que la Thaïlande vient d’annoncer la détection du clade 1b chez un européen.