Revue de presse : Catherine Vautrin / Agnès Pannier-Runacher, un accueil plus que mitigé
Il y a ceux qui veulent voir le verre à moitié plein
et qui, comme le SDBIO se félicitent que la santé soit remontée au 3eme rang protocolaire au sein du gouvernement et y voit “le signe de l’importance donnée à la Santé par le Premier ministre.” Et, qui espèrent “que la ligne définie par le Premier ministre lors de son intervention du 11 janvier sur TF1 (« De l’action, de l’action, de l’action » et « des résultats, des résultats, des résultats ») sera appliquée à la biologie médicale.” Mais, qui cependant, n’oublient pas de rappeler que des dossiers sont en cours, comme “la mission sur l’avenir de la biologie médicale initiée par Aurélien Rousseau” et son importance pour les biologistes qui “sont à un moment crucial de l’évolution de leur profession”, précisant que “si par leur formation (médecin et pharmacien) et leur expertise (diagnostic biologique), ils sont particulièrement bien placés pour relever les défis sanitaires de demain (multiplication des épidémies, prévention, diagnostic et prise en charge des maladies chroniques), le cadre d’exercice de leur profession est obsolète et doit être totalement revu en fonction des missions qu’ils sont à même d’assurer.”
Et puis…
Il y a ceux qui voient plutôt le verre à moitié vide
et qui soulignent qu’il n’y a “plus de ministère de la Santé de plein exercice : une première depuis…” comme le syndicat Action Praticiens Hôpital qui s’interroge : “Le Ministère de la Santé, alors qu’il était déjà au 14ème rang du protocole gouvernemental, aurait-il aujourd’hui purement disparu ?” et poursuit : ” Alors que la santé est l’une des préoccupations prioritaires de l’ensemble de nos concitoyens, alors que l’implosion du système de santé est observée par tout le monde, alors que le Premier Ministre s’est engagé, lors de la passation de pouvoir, à agir au « renforcement de nos services publics […], la santé, et en premier lieu, l’hôpital »… la Santé […] est confiée à une Ministre dont le parcours professionnel et politique n’a jamais croisé le système de santé. Action Praticiens Hôpital et ses composantes sont inquiets.
Et puis…
Il y a aussi ceux qui voient le verre presque vide
Dans le Parisien, on peut ainsi lire les réactions de Patrick Pelloux, président de l’association des médecins urgentistes de France « Réunir ces énormes ministères, alors qu’on connaît une crise sociale, une crise de l’hôpital, c’est se foutre de la gueule du monde », ou de Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre . « Ce regroupement, c’est un mauvais signal. On nous colle quelqu’un qui n’a pas connaissance du problème, on est mal barrés » et Patrick Pelloux d’ajouter, « C’est catastrophique » « ils nommeront sans doute un secrétaire d’État pour gérer les dossiers spécifiques des libéraux et des hospitaliers, mais qui n’aura aucun accès aux cordons de la bourse ».
Il y a ceux qui ne veulent pas faire (trop) de politique
et qui se recentrent uniquement sur leurs demandes. C’est par exemple le cas du syndicats Les Biologistes Médicaux. Ainsi le communiqué du syndicat reste sur du pratico-pratique : “Dans la même ligne des échanges constructifs avec votre prédécesseur, nous souhaitons échanger avec votre cabinet afin de proposer nos pistes pour l’amélioration du système de santé, de la prévention et du dépistage des pathologies aiguës et chroniques en France.”, égrenant ensuite quelques progrès attendus par les biologistes : “participation aux activités de prévention ; assouplissement de l’assurance qualité ; préservation de l’indépendance professionnelle ; développement des outils numériques de coordination et de suivi ; renforcement de la pertinence des actes biologiques via notre expertise.”
Et puis…
Il y a ceux qui ironisent
pour cacher (un peu) leur désarroi et leurs inquiétudes profondes soulignant qu’au moins maintenant les médecins du travail auront un vrai ministre ou que le gouvernement sera armé pour réagir face aux burn-out et aux suicides au travail des professionnels de santé, d’autres un peu plus sérieux, regrettent la disparition de la prévention comme dans cet article de JIM.fr : “Le ministère de la Santé perd également dans son titre son volet « prévention », cher à François Braun et à Aurélien Rousseau. S’agissant de la prévention justement, certains internautes n’auront pas manquer de noter que la bannière du compte X de la nouvelle ministre est une publicité pour…un vignoble. Si la ministre ne devrait donc pas avoir du mal à s’entendre avec le Président de la République, grand amateur de vin, il est peu probable que le gouvernement change rapidement sa politique complaisante vis-à-vis de l’alcool
Et il y a les pessimistes
– que d’autres pourraient qualifier de réalistes – qui interprètent ce jeu de chaises musicales gouvernementales comme la simple confirmation que nos gouvernants actuels n’ont que faire des préoccupations majeures des Français : santé, éducation, services publics, tous ces domaines relégués à des délégués sous la coupe de profils hyper technocratiques ou financiers. Au titre desquels l’UFML-S qui fustige une santé déclassée en deuxième division !”, s’inquiétant que “Notre système est au sol au bout de trente années de politiques sanitaires qui ont échoué, car
elles ont voulu regarder la santé uniquement sous le prisme de l’économie.” et soulignant que “S’il est vrai qu’un visage est un signal alors le signal envoyé aux patients et aux soignants par
les nominations de Mesdames Catherine Vautrin et Agnès Pannier-Runacher, n’est pas le bon.” et eut égard à la faible connaissance du monde de la santé des deux nouvelles responsables relève que la direction de notre système de santé devrait revenir à des “responsables au fait de sa complexité, de ses spécificités et du rôle et des difficultés de ces acteurs.” ” Nous n’avons
pas le temps des expérimentations !” ajoute le communiqué. Pour l’UFML-S cette double nomination est “un renforcement de la tutelle de Bercy, Bruno Lemaire apparaissant par trop
comme le vrai ministre de la Santé.”
De l’habillage sur beaucoup d’inquiétudes
En bref, quelle que soit la manière dont sont formulées les accueils et les revendications, liées généralement à la culture des organisations dont elles sont issues, le fond de la pensée de l’ensemble des acteurs de la santé est beaucoup d’inquiétudes quant à l’avenir du secteur, des professions et de l’état général du système de santé.