À la recherche du microbiote de la fertilité
Il existe une littérature de plus en plus abondante sur l’influence du microbiome vagino-utérin sur la fertilité d’animaux de bétail ou des chevaux. Chez l’humain, en dehors de toute infection caractérisée, des analyses chez des couples infertiles ont montré que le succès des fécondations in vitro était corrélé à la présence de certaines espèces dans les tractus génitaux. Dans le microbiote vagino-utérin, plutôt Lactobacillus gasseri que des Bacteroides et Lactobacillus iners, et dans le sperme, plutôt Lactobacillus jensenii et Faecali- bacterium que des Proteobacteria, Prevotella et les Bacteroides1. Des travaux encore très préliminaires.
D’autres données suggèrent que le microbiote de l’endomètre contribue au succès de l’implantation de l’œuf2. Enfin, une comparaison du microbiome de femmes dont la grossesse provient ou non d’une fécondation in vitro montre des compositions différentes. Pour les auteurs, cette variation pourrait expliquer l’augmentation du risque d’accouchement avant terme après une procédure de fécondation in vitro3. La recherche travaille, mais avant qu’elle ne conclue, on voit une abondance de tests proposant aux couples d’analyser leurs microbiotes génitaux, pour l’instant en dehors des indications validées. Quelques essais cliniques tentent d’établir un rationnel à ces observations encore très éparses, sans que des résultats clairs aient encore été publiés. S’ils sortent, l’intérêt sera majeur. D’ici là, gare aux faux espoirs.
Et le sperme ?
C’est une publication dans Nature4, en janvier dernier, qui a lancé le pavé dans la mare : et si le microbiote spermatique était lié à la fertilité masculine ? « Au départ, ces recherches viennent du monde vétérinaire, des sociétés qualifiant la qualité du sperme des animaux d’élevage, explique Jean-François Bodart, professeur de biologie cellulaire à l’université de Lille, mais on a du mal à voir d’où viennent ces bactéries. C’est encore controversé. » Est-ce par contact sexuel ? Les voies génitales sont-elles colonisées avant la puberté ? Ces questions sont encore difficiles à poser d’un point de vue expérimental. « On commence seulement à observer que ce microbiote est variable et qu’il existe une corrélation entre certaines espèces bactériennes et la qualité du sperme », précise le spécialiste.
Références
- Okwelogu, et al., Front Cell Infect Microbiol. 2021 Oct 1;11:709372. doi: 10.3389/fcimb.2021.709372.
- Cariati, et al., Front Endocrinol (Lausanne). 2023 Aug 14:1204729. doi: 10.3389/fendo.2023.1204729.
- Lledo, et al., Sci Rep. 2022 Apr 26;12:6807. https://doi.org/10.1038/s41598-022-10933-2
- https://www.nature.com/articles/s41598-024-51686-4