Consommation d’antibiotiques et antibiorésistance en France

À l’occasion de la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques, du 13 au 18 novembre, Santé publique France publie - en collaboration avec l’ANSM, l’Anses, l’Assurance Maladie et l’équipe de recherche Inserm U1092 - la 3ème édition de la synthèse annuelle sur la consommation d’antibiotiques et l’antibiorésistance en France.

Publié le 21 novembre 2018

Consommation d’antibiotiques et antibiorésistance en France

L’antibiorésistance pourrait devenir l’une des principales causes de mortalité dans le monde et serait la cause chaque année de près de 12 500 décès en France. La cause principale de l’émergence de souches résistantes reste la sur-utilisation des antibiotiques. En 2017 en France, 759 tonnes d’antibiotiques destinées à la santé humaine ont été vendues. Le rapport montre que la consommation d’antibiotiques, et spécifiquement ceux davantage géné­rateurs de résistances (amoxicilline + acide clavulanique ; cépha­losporines de 3e et 4e générations ; fluoroquinolones), diminue en médecine de ville (-3,7 prescriptions pour 100 patients par rapport à 2016 soit 340 000 prescriptions de ce type évitées) mais reste stable en établissements de santé. L’amoxicilline reste néanmoins l’antibiotique le plus consommé en médecine de ville et représente 41,4 % de la consommation d’antibiotiques devant l’association amoxicilline-acide clavulanique (23,8 %), les macrolides (10,4 %) et les tétracyclines (10,3 %). En établissements de santé, les antibiotiques les plus utilisés sont également l’association amoxicilline-acide clavulanique (30,9 %) et l’amoxicilline (20 %), suivis par les quinolones (11,0 %).

 

Par ailleurs, le rôle de l’environnement (épandage, animaux) en tant que réservoir et/ou amplificateur n’est pas à négliger dans la propagation de la résistance aux antimicrobiens. Les antibiotiques, leurs métabolites et produits de dégradation, sont détectables dans tous les compartiments de l’environnement (eaux, sols…). De fait, les stations d’épuration classiques ne sont pas conçues pour éliminer les antibiotiques. En 2017, 499 tonnes d’antibiotiques destinées à la santé animale ont été vendues. 95% de ces antibiotiques sont administrés à des animaux destinés à la consommation humaine. Fait rassurant, entre 2007 et 2017, l’exposition globale des animaux aux antibiotiques a baissé de 48%. En santé animale, les tétracyclines représentent 25,8 % des traitements antibiotiques, les pénicillines 20,4 %, les polypeptides (famille à laquelle appartient la colistine) 12,3 %, les sulfamides 8,1 %, les fuoroquinolones 0,7 % (diminution de 87,8% depuis 2013) et les céphalosporines de 3e et 4e générations 0,2 % (diminution de 94,2% depuis 2013). En 2017, l’exposition à la collistine pour les filières bovine, porcine et avicole a diminué de 47,6 % depuis la période de référence 2014-2015 suite au plan Ecoantibio2.

 

Aujourd’hui, l’approche « One Health » mise en place par l’OMS en 2015 et approuvée par 68 pays fait consensus pour un continuum entre établissements de santé, médecine de ville, santé animale et environnement. Prévenir les infections et mieux utiliser les antibiotiques sont les principaux leviers d’action pour prévenir l’antibiorésistance. Une infographie résume les différentes actions possibles, la sensibilisation du grand public étant indispensable à leur succès.

 

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