Un contexte de pénurie d’eau
Dans ce département, le plus pauvre de France, cela fait des mois qu’il y a une pénurie d’eau. Plus d’un quart des habitants n’a pas accès l’eau courante, le système d’assainissement est déficient (voire absent). L’insalubrité et la pauvreté de ces quartiers est propice au développement de l’épidémie.
L’appel à la réserve sanitaire
Déjà en temps « normal », le centre hospitalier de Mayotte (unique hôpital pour 310 000 habitants) fonctionne en sous-effectif. Santé Publique France envoie régulièrement des volontaires de la Réserve sanitaire pour faire face aux pénuries des effectifs des soignants. Actuellement 85 personnes de la Réserve sanitaire sont sur place dont 54 spécifiquement allouées au choléra. SpF appelle d’ailleurs à mobiliser toujours plus de volontaires. Sur place, un protocole de prise en charge a été mis en place. Dès qu’un cas suspect est localisé, une équipe est dépêchée sur place pour réaliser un TROD. Si le test est positif, le foyer est désinfecté, les cas contacts sont vaccinés et font l’objet d’une antibiothérapie prophylaxique. Au 21 mai, 4978 personnes avaient pu bénéficier d’un vaccin, dont les intervenants de première ligne (comme prévu par le palier 2 du protocole de gestion édicté par le HCSP). Pour le moment, les autorités n’envisagent pas de vaccination de masse. Les vaccins contre le choléra étant en pénurie au niveau mondial et certains d’entre eux, pas adapté à une vaccination massive.
Une vigilance pour plusieurs moisEn tout état de cause, la vigilance de l’ARS va rester à son maximum pendant au moins plusieurs mois. Déjà fin 2023, les pénuries d’eau avaient engendrées une épidémie de gastro-entérites avec de nombreux cas graves. Tant que la situation sociale et sanitaire ne sera pas améliorées pour les populations des bidonvilles, notamment avec un accès à l’eau potable et un système d’assainissement opérationnel, le choléra et de nombreuses autres épidémies seront susceptibles de survenir à Mayotte.<
Des sérotypes classiques
La souche isolée à Mayotte et importée des Comores est une souche de V. cholerae du sérogroupe O1, sérotype Ogawa, appartenant à la lignée 7PET, précise le HCSP. Cette souche est ciblée par les vaccins actuellement homologués.