Biologie sans frontières : Former, se former, donner de l'autonomie

Doit-on encore présenter Biologie sans frontières (BSF), association loi 1901? Elle est active sur tous les évènements de biologie médicale, sur les réseaux sociaux, auprès des internes en région, etc. Pour autant BSF, malgré la force de ses 30 ans d'expérience, doit relever de nouveaux défis.

Par Sophie HOGUIN, publié le 20 mars 2025

Biologie sans frontières : Former, se former, donner de l’autonomie

Que fait l’association BSF dans les pays où elle intervient ? Chantal Rich, sa présidente, a répondu à cette question avec enthousiasme lors de la journée de l’AFTLM, le 29 novembre 2024 : « On y apporte du matériel, on partage notre expérience, on transfère nos compétences. Cela passe, par exemple, par la formation des techniciens au matériel pour qu’ils soient autonomes, par un accompagnement des biologistes pour qu’ils progressent (audit qualité, structuration du flux de laboratoire), etc. Notre devise reste toujours « Développer pour ne plus assister ». Nous invitons donc les techniciens et les biologistes séniors et juniors à se joindre à nous, car ces missions sont formatrices pour chacun. Il s’agit d’un véritable échange, un partage de la richesse exceptionnel ! »

Le stand BSF lors de l'AG de la FNSIPBM

BSF est toujours très actif sur les évènements de biologistes médicaux ; ici, lors de l’AG de la FNSIP-BM, en juin 2024.

30 ans, 40 pays, des centaines de missions

Depuis sa création en 1992, il faut bien reconnaître que le monde autour de Biologie sans frontières a beaucoup changé : les équilibres géopolitiques, le passage de la Covid, la concentration et la financiarisation de la biologie française… des changements qui ont un impact direct sur l’association, qui doit s’adapter. En continu. À ce sujet, Bernard Massoubre, vice-président de l’organisation, a expliqué dans l’édito de la newsletter d’octobre 2024 : « Les mesures qui ont favorisé la concentration des laboratoires avec des plateaux techniques utilisant du matériel idoine ont fait perdre à BSF la manne des biologistes qui nous fournissaient en « petit » matériel (centrifugeuses, spectrophotomètres, étuves, etc.) adapté aux structures soutenues par BSF. »

L’association a parfois dû se résoudre à acheter ce matériel plutôt que de le récupérer, le vérifier ou le mettre en état. Un coût qu’elle ne pouvait pas prendre en charge très longtemps.

Mise en place du laboratoire à Bafoussam au Cameroun

Mission Bafoussam (Cameroun) avec Biogroup en 2024

Cherche partenaire particulier

Pour être moins fragile, BSF a diversifié ses sources financières : fonds européen, réponse à des appels à projets variés, dons et des cotisations, etc. En particulier, l’association cherche de nouveaux partenaires. En septembre 2023, BSF a, par exemple, signé un partenariat de deux ans avec Biogroup. « Cela finance une ou deux missions par an et, en contrepartie, ces interventions associent un biologiste de Biogroup sur place », précise BSF.

Que reste-t-il de la francophonie ?

D’autres défis se dressent aujourd’hui sur le chemin de BSF. Principalement active dans les pays francophones, l’association se heurte à un sentiment antifrançais dans nombre de pays d’Afrique de l’Ouest, qui se tournent vers d’autres partenaires que la France : Chine, Russie, Turquie ou pays arabes. La francophonie recule et les liens se desserrent.

Par ailleurs, BSF n’intervient pas dans les zones où les risques pour la sécurité sont trop grands ; or « la superficie de ces zones augmente inexorablement », souligne Bernard Massoubre, qui s’inquiète – et pas seulement pour BSF – de la « paupérisation sanitaire » que le départ de nombreuses ONG françaises engendrerait.