"Biologie de ville et biologie hospitalière sont complémentaires et indissociables"

Raphaël Bérenger, président du Syndicat national des biologistes hospitaliers (SNBH) revient pour Biologiste365.fr sur l'actualité du syndicat et les raisons fondamentales du front commun, des biologistes hospitaliers et libéraux, face aux baisses du B et à la fragilisation du secteur.

Par Sophie HOGUIN, publié le 09 octobre 2024

“Biologie de ville et biologie hospitalière sont complémentaires et indissociables”

B365 : Quelles sont les principales actualités du syndicat pour cette année 2024 ?

Raphaël Bérenger : Le travail du premier semestre a été très orienté sur la préparation des élections professionnelles des praticiens. Nous sommes très fiers de nos résultats puisque nous avons confirmé notre représentativité et notre légitimité hospitalière avec la liste intersyndicale Ensemble avec APH – SNBH – Les Biologistes médicaux. Nous avons avons ainsi obtenu 5 élus sur 6 à la commission nationale statutaire des praticiens hospitaliers de biologie et, nouveauté puisque nous présentions une liste pour la première fois pour la commission des hospitalo-universitaire et nous avons obtenu 2 élus sur 5.
Nous avons aussi bien sûr continué notre travail sur des problématiques de fond notamment concernant l’informatisation et la digitalisation des process.

Concernant les opérations de digitalisation, où en est l’hôpital avec la contreversée migration vers LABOé-SI ?

Nous avons aussi été effectivement confronté au projet LABOé-SI, qui est aujourd’hui bloqué. D’une part parce que les autorités n’ont toujours pas acté une rémunération des actes d’alimentation de la base (voir cet article), une revendication de longue haleine des biologistes libéraux notamment. Et d’autre part car les devis présentés par les éditeurs des solutions informatiques pour effectuer la migration de l’ancien système Sidep vers LABOé-SI, dépassaient largement les estimations et les budgets prévus.

Depuis plusieurs mois vous faites front commun avec les biologistes libéraux concernant la politique de baisse du B imposée par la CNAM. Cette union semble solide, en quoi les intérêts des biologistes libéraux et hospitaliers convergent aujourd’hui ?

C’est vrai que ce front commun est marquant, il s’explique notamment parce que la biologie de ville et biologie hospitalière sont complémentaires et indissociables. Et si par le passé, certains flux financiers pouvaient nous opposer, aujourd’hui, ils convergent et attaquer un des secteurs fragilise toute la filière et impacte directement l’autre qui doit compenser. Pour le patient, les deux filières de la biologie se complètent et font partie d’un parcours, l’une n’existe pas sans l’autre.

En outre, les baisses de cotations du B impactent les finances hospitalières aujourd’hui de manière directe et indirecte.

  • Directement, parce de nombreux hôpitaux ont développé une activité de biologie de ville couvrant toute la chaîne du pré-analytique (via des partenariats avec des cabinets infirmiers) au rendu des résultats et que cette activité, dans certains hôpitaux, représente jusqu’à un tiers de l’ensemble de l’activité de la biologie. On notera d’ailleurs que malgré cette activité nous n’avons toujours qu’une voix délibérative au sein de la commission de hiérarchisation des actes de biologie médicale (CHAB) qui décide des cotations.
  • Indirectement aussi, parce que toute l’activité de biologie effectuée lors des hospitalisations et rentre dans le système de la T2A est cependant évaluée par les directions des hôpitaux via le B. Si bien que lorsque les cotations du B baissent, l’activité de la biologie hospitalière est évaluée à la baisse. A l’hôpital, une activité dont le volume baisse voit ses moyens diminués. Cela nous inquiète quant à la politique d’investissement à venir en biologie hospitalière. On ne peut pas toujours régler les besoins d’investissement, qui doivent se prévoir sur plusieurs années, à coup d’enveloppe exceptionnelle ponctuelle, comme cela a été le cas en 2023.
  • Enfin, le troisième impact, concerne l’accès et l’offre de soin. Nous avons pu le mesurer lors de fermeture de 4 jours organisés par la biologie libéral le week-end du 20 au 23 septembre. Notre activité externe a été multipliée par 3. La baisse des cotations du B, entraînera certainement des fermetures de sites en ville, des plages d’ouverture restreinte qui vont pousser les patients vers l’hôpital. Qui n’a pas les moyens d’assurer cette surcharge d’activité. En outre, cela représente, un parcours moins facile pour les patients et plus coûteux pour le système de santé.

Donc oui, nos intérêts convergent et nos revendications vont dans le sens d’un meilleur accès aux soins pour les patients. A moindre coût.

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