S'approprier les "Escap", nouveau mode de soins coordonnés

"Les biologistes ont tout intérêt à s'approprier l'expérimentation de l'Equipe de soins coordonnée avec le patient "Escap" qui a été lancée depuis le 24 mars sur tout le territoire", déclarait François Blanchecotte, président du SDBIO à l'occasion du dernier congrès de la SFIL. Mais au fait, c'est un quoi une Escap ? Comment ça marche ? Et quelle place pour le biologiste ?

Par Sophie HOGUIN, publié le 31 mars 2025

S’approprier les « Escap », nouveau mode de soins coordonnés

Depuis le 24 mars, les Escap sont donc opérationnels. Ce dispositif permet aux professionnels de santé libéraux, dont les biologistes, de structurer leur coordination autour des patients en facilitant les échanges interprofessionnels. Concrètement, l’Escap prend la forme d’une application numérique (qui sera intégrée dans les outils de coordination des Groupement Régionaux d’Appui au Développement de la e-Santé – GRADeS. Cette application permettra à un professionnel de santé d’initier une coordination autour d’un patient avec des critères d’inclusion objectifs. Le suivi et les informations du patient seront partagés par plusieurs professionnels de santé via cette application. Cette expérimentation ayant pour objectif d’éviter les lacunes d’information de certains acteurs de la prise en charge d’un même patient, de fluidifier la prise en charge et de mettre en place des alertes.

Pour quels patients ?

Pour mesurer l’impact de ce dispositif, l’Assurance maladie à prévu de le limiter à quatre situations cliniques :

  1. les patients polypathologiques chroniques de plus de 65 ans ;
  2. les patients diabétiques (type 1 et 2) sous insuline ;
  3. les patients ayant subi un AVC et été hospitalisés il y a moins d’un an ;
  4. les patients en soins palliatifs.

En outre, pour bénéficier de la prise en charge via une Escap, le patient doit totaliser au moins 13 des 26 points de la grille d’inclusion (hors cas de grossesse).

Qui peut initier l’Escap ?

Tout professionnel de santé détectant une situation clinique complexe nécessitant un besoin de coordination peut déclencher une Escap. Biologistes compris. Pour cela il se connectera à l’application mobile, vérifiera si le patient correspond aux critères d’inclusion via la grille d’évaluation (chaque item est corrélé à un nombre de point en fonction de sa gravité). Une Escap peut être constitué à partir de 3 professionnels de santé, comprenant au moins le médecin traitant. Les professionnels de santé de départ sont désignés par le patient (comme par exemple un diabétologue, un rhumatologue etc).

Pourquoi les biologistes doivent-ils s’impliquer ?

Le SDBIO, dans sa newsletter du 14 mars 2025, considère que ce dispositif est stratégique pour renforcer le rôle des biologistes médicaux dans la prise en charge coordonnée des patients. Il permet :

  • Valorisation du rôle du biologiste : Participation active à la coordination des soins.
  • Légitimité renforcée : Preuve de l’importance du biologiste dans le parcours de soin.
  • Engagement interprofessionnel : Intégration dans un réseau d’acteurs de santé.

François Blanchecotte, le président du SDBIO, insistait d’ailleurs sur le contexte économique et financier actuel de la biologie lors du dernier congrès de la SFIL « si nous – syndicats de notre profession – à n’avoir plus de baisses tarifaires jusqu’en décembre 2026. Il est clair que le budget de la sécu va continuer de se contraindre dès 2026. Il est crucial pour les biologistes de trouver des modes de financements diversifiés, autre que des actes classiques – et une des voies possibles est celle des exercices coordonnés et des actions pluridisciplinaires« . Un avis partagé par de nombreux autres acteurs dans la salle qui estiment que l’avenir des biologistes passera notamment par une place reconnue et centrale dans la coordination des parcours de soins.

Quand sont nés les Escap ?

Sur le papier, les Escap sont nés avec la signature, le 20 juin 2024,  de l’avenant 1 à l’accord-cadre interprofessionnel (Acip). Cet avenant a été signé par l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam), l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS) et l’Union nationale des organismes d’assurance maladie complémentaires (Unocam). Il acte la mise en place d’une expérimentation de trois ans visant à déployer les Équipes de soins coordonnées autour du patient (Escap) sur l’ensemble du territoire national à partir de mars 2025

Une participation valorisée financièrement

La valorisation financière prévue – via une facturation avec une lettre clé spécifique – est de :

  • 100 €/an par professionnel pour l’utilisation d’Escap.
  • 100 € supplémentaires pour la participation à la prise en charge d’au moins cinq patients.

Le SDBIO précise aussi dans sa newsletter que « l’UNPS a mis en place un réseau d’ambassadeurs pour promouvoir l’Escap et inciter les professionnels à l’utiliser. L’enjeu : démontrer que la coordination des soins en libéral peut être structurée et valorisée, sans passer par les maisons de santé pluridisciplinaires. Vous pouvez les solliciter pour qu’ils vous informent et vous forment« .