Algérie : SALAM en première ligne pour défendre la profession !

Le docteur Adel Aggoune, vice-président et chargé de la communication du Syndicat Algérien des Laboratoires d'Analyses Médicales (SALAM), nous dévoile les défis et les ambitions de cette organisation pour la promotion du secteur de la biologie médicale en Algérie. Ses priorités sont l'amélioration de la qualité des analyses, le combat contre l'exercice illégal de la profession et l'intégration des dernières avancées technologiques pour offrir des services de pointe aux patients.

Propos recueillis par Lila Bouber, publié le 10 octobre 2024

Algérie : SALAM en première ligne pour défendre la profession !

Biologiste Infos : Pouvez-vous nous parler de l’histoire de la création de votre jeune syndicat et de ses principales missions ?

Dr Adel Aggoune : SALAM est un syndicat d’employeurs des laboratoires d’analyses de biologie médicale, créé par de jeunes biologistes pour défendre les intérêts de ses adhérents et promouvoir la biologie médicale en Algérie. Notre organisation a été enregistrée le 2 février 2020 et rassemble aujourd’hui une grande partie des laboratoires privés à travers le territoire national, avec une représentativité supérieure à 45 %. L’offre de biologie médicale en Algérie se répartit entre le secteur public, présent dans les centres hospitalo-universitaires, et le secteur privé qui compte les laboratoires d’analyses médicales détenteurs d’un diplôme et d’un agrément. Les principaux défis que nous souhaitons relever sont la protection de la profession contre l’exercice illégal, l’assurance de la qualité selon les normes internationales, les recommandations et les exigences, ainsi que les bonnes pratiques de laboratoire (BPL), l’adaptation constante aux besoins de santé, et enfin la maitrise de l’automatisation et de l’intégration de l’intelligence artificielle (et sa mise à jour en fonction des avancées technologiques). Nous travaillons activement à combler les vides juridiques, par des propositions à la tutelle, afin d’éradiquer l’exercice illégal de la profession et de préserver le métier des menaces liées aux pratiques antidéontologiques.

L’Algérie compte également l’Association des laboratoires de biologie médicale, l’ALAM. Quelles sont les différences avec SALAM, en termes de rôles et de missions ?

L’ALAM, créée en 1999, est une association qui vise principalement l’organisation de rencontres scientifiques et la formation médicale continue pour les laboratoires de biologie médicale. Notre syndicat SALAM, lui, est l’unique représentant officiel des laboratoires privés sur le territoire national, axé sur la défense des intérêts professionnels des adhérents. Nous sommes l’interlocuteur des pouvoirs publics et de l’ensemble des organismes qui ont une relation avec le métier.

Vous organisez les SALAM Days en octobre prochain. Pouvez-vous nous en parler ? Quelles sont vos autres actions en cours ?

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Effectivement, nous préparons la troisième édition des SALAM Days, qui aura lieu les 14 et 15 octobre 2024, à l’hôtel El Aurassi, à Alger, avec un programme riche et varié. L’évènement réunit les spécialistes de la biologie médicale pour discuter des dernières avancées et actualités. Cette année, les thématiques principales porteront sur la biologie médicale en oncologie et l’exploration biologique des maladies chroniques et auto-immunes. Nous discuterons aussi des difficultés et pièges de l’interprétation en hémobiologie, de l’assurance qualité et de la problématique des accréditations. La question de la législation sur les laboratoires de ville sera bien évidemment aussi au centre de nos débats. Ces journées représentent une occasion pour nos biologistes de mettre à jour leurs connaissances, grâce à la présence de professeurs et de spécialistes nationaux et internationaux. L’édition 2023 avait réuni 400 experts en biologie médicale, chercheurs et professionnels de la santé ; nous en espérons au moins autant cette année !

Nous continuons par ailleurs à renforcer la formation continue de nos bio- logistes par des rencontres, des journées scientifiques et des ateliers permettant d’être à jour sur les avancées techno- logiques et scientifiques. Nous poursuivons aussi notre travail de sensibilisation aux enjeux majeurs et défis continuels qui se présentent pour le secteur : qualité des analyses, évolutions règlementaires et sécurité des patients.

Quelles sont les principales réformes réglementaires ou politiques que le syndicat souhaite voir mises en place pour améliorer le secteur de la biologie médicale en Algérie ?

Nous dénonçons la pratique illégale de la biologie médicale dans certaines régions du pays, malgré la loi de 2018 qui est très claire, et dont les articles 251, 252 et 253 stipulent que seul un pharmacien spécialiste ou un médecin spécialiste en biologie médicale peut exploiter un laboratoire d’analyses médicales. Nous œuvrons pour la promulgation de lois qui protègent la profession et les patients, en empêchant l’exercice clandestin dans des structures non conformes, comme les salles de soins, certaines officines pharmaceutiques, les centres de diagnostic et les cliniques sans médecin ou pharmacien biologiste. Nous y travaillons en col- laboration rapprochée avec les autorités sanitaires et les institutions gouvernementales (ministère de la Santé, ministère du Commerce, direction générale des impôts), dans une volonté commune de réformer le secteur et d’assurer le meilleur service possible pour les citoyens algériens.

Avez-vous établi des partenariats au niveau national et international, avec le Maghreb notamment, ou la France ?

Au niveau national, nous collaborons étroitement avec différentes sociétés savantes algériennes, comme la Société algérienne de microbiologie clinique (SAMIC), la Société algérienne de biochimie et génétique moléculaire (SABGM), la Société algérienne de parasitologie et mycologie médicale (SAPMM) et la Société algérienne d’immunologie (SAI), de même qu’avec l’ALAM, bien sûr. À l’international, nous avons des partenariats avec la Société Tunisienne de Biologie Clinique (STBC) et le Syndicat Tunisien des Biologistes Privés (STBP). Nous sommes également en contact avec Les Biomed et le Syndicat des Jeunes Biologistes en France. Ces échanges nous permettent de partager des connaissances et d’améliorer la qualité de nos services.