Cancer du col de l'utérus : accès simplifié au dépistage chez les biologistes

Du 24 au 30 janvier 2024 la communication en santé publique était placée sous le signe de la semaine européenne de prévention du cancer du col de l'utérus. Un cancer grandement évitable pour lequel dépistage et vaccination peinent encore à s'installer massivement en France. Un accès facilité et encouragé au dépistage vient cependant d'être relancé en ce début d'année. Les biologistes y ont toute leur place.

Par Sophie HOGUIN, publié le 05 février 2024

Cancer du col de l’utérus : accès simplifié au dépistage chez les biologistes

Depuis janvier 2024, les femmes ayant reçu une invitation à se faire dépister pour le cancer du col de l’utérus peuvent venir le faire gratuitement au laboratoire, sans ordonnance.

En effet, l’Assurance maladie a repris à sa charge la relance et l’incitation au dépistage qui étaient dévolues aux centres régionaux de coordination des dépistages du cancer (CRCDC) :

En pratique

L’Assurance Maladie envoie des invitations au dépistage du col de l’utérus aux patientes n’ayant pas réalisé le dépistage dans les délais recommandés.

Pour les patientes disposant d’un compte ameli, l’invitation est dématérialisée et déposée sur le compte ameli pour une durée de 6 mois. Les autres recevront un courrier par voie postale. Dans les deux cas, il n’y a plus d’étiquettes code-barre. La prise en charge à 100% du prélèvement est automatique dès lors que la case “dépistage organisé” est cochée sur la fiche de demande d’examen. L’invitation peut être présentée sous forme papier ou dématérialisée.

La patiente peut être prélevée aussi bien au laboratoire qu’en auto-prélèvement avec les kits mis à disposition dans les laboratoires de biologie médicale.

En parallèle, pour améliorer la participation au dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, l’Assurance Maladie adresse aux médecins traitants la liste de leurs patientes qui n’ont pas effectué ce dépistage afin qu’ils puissent échanger sur ce sujet avec elles.

QUEL DEPISTAGE ?

Entre 25 et 29 ans, le dépistage est effectué par examen cytologique et est recommandé tous les 3 ans, après deux tests normaux à un an d’intervalle. Après 30 ans, un test HPV-HR (détection du génome des papillomavirus humain à haut risque) suffit tous les 5 ans. En cas de positivité, un examen cytologique doit cependant être effectué pour vérifier l’absence de lésions.

32000 lésions détectées

Les derniers chiffres publiés par l’InCA témoignent qu’en France, chaque année, près de 3 100 femmes développent un cancer du col de l’utérus et 1 100 femmes en meurent. Selon l’Institut national du cancer, “le dépistage permet de repérer près de 32 000 lésions cancéreuses ou précancéreuses et de les traiter avant qu’elles n’évoluent en cancer.” En effet, 90% des cancers du col de l’utérus pourraient être évités en alliant une bonne couverture vaccinale contre les HPV dès 11 ans et un dépistage régulier des femmes entre 25 et 65 ans. Pourtant le dépistage patine, estimé à 59% des femmes concernées entre 2018 et 2020 (soit +1% par rapport à la période précédente) – en déçà des 70% préconisé au niveau européen. Sans surprise, les territoires d’outre-mer, les femmes les plus âgées et de manière générale les populations ayant le plus de mal à avoir accès aux soins sont les plus mal dépistées.

La vaccination en renfort depuis 2007

La vaccination contre les infections à HPV est recommandée en France pour l’ensemble des filles et des garçons âgés de 11 à 14 ans avec un schéma à 2 doses. Recommandée dès 2007 pour les jeunes filles, elle a été étendue aux garçons en 2021. Depuis 2019, les nouvelles vaccinations doivent être initiées avec le Gardasil 9®. Par ailleurs, dans le cadre du rattrapage vaccinal, la vaccination est recommandée pour les jeunes femmes et les jeunes hommes entre 15 et 19 ans révolus selon un schéma à 3 doses.

Cette vaccination permet de prévenir les infections génitales à HPV à l’origine de plus de 90% des cancers du col de l’utérus et à l’origine d’autres cancers des voies génitales et de la sphère ORL.

La couverture vaccinale en progression était, en 2020, encore beaucoup trop faible (41% pour une dose à 15 ans et 33% pour le schéma complet à 16 ans), ce qui a poussé le gouvernement a annoncé début 2023, une grande campagne de vaccination dans les collèges. Cette campagne a débuté en septembre 2023.

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