Coqueluche : Les biologistes demandent que les techniciens puissent de nouveau réaliser les prélèvements

Les biologistes médicaux demandent aux autorités compétentes de prendre rapidement les mesures nécessaires pour autoriser les techniciens de laboratoire à réaliser les prélèvements nasopharyngés nécessaires au diagnostic de la coqueluche dont l'épidémie continue de se propager.

Par Sophie HOGUIN, publié le 27 juin 2024

Coqueluche : Les biologistes demandent que les techniciens puissent de nouveau réaliser les prélèvements

La recrudescence des cas de coqueluche est particulièrement marquée cette année en France (voir cet article). Les indicateurs des laboratoires de biologie médicale tout comme ceux des principaux réseaux de surveillance (Bulletin Sursaud® de la semaine 25) montrent que l’épidémie continue de croître.

Face à cette situation exceptionnelle, les biologistes médicaux font face à une demande accrue de prélèvements nasopharyngés pour un diagnostic par PCR – comme pour le Covid-19. Ils demandent donc à ce que les techniciens de laboratoire soient de nouveau autorisés à réaliser ces prélèvements, comme cela a été le cas pendant plus de 2 ans.

Nos techniciens ont réalisé ces prélèvements pendant toute la période du Covid-19. Ils ont appris les gestes d’hygiène, de précaution sanitaire et la technique pour réaliser des prélèvements fiables. Ils en ont pratiqué des milliers. Nos laboratoires sont déjà sous tension en matière de ressources humaines, il est difficile de trouver des infirmières pour les périodes de routine. Cet appoint de main d’oeuvre, serait bénéfique pour tous les patients“, explique Michel Sala, vice-président du SNMB.

Les recommandations sanitaires pour limiter la propagation de cette maladie très contagieuse préconise en effet un diagnostic rapide pour mettre en place la bonne antibiothérapie, protéger et isoler les individus exposés et stopper la transmission de la bactérie.

Elargir à d’autres prélèvements ?

Dans son communiqué, le syndicat “Les Biologistes Médicaux” propose par ailleurs d””engager des réflexions pour étendre [aux techniciens de laboratoire] les autres types de prélèvements réalisables, au service des patients.”

Une réflexion qui en appelle une autre, car cette possibilité doit aussi être acceptée par les principaux concernés. “Auparavant, la formation des techniciens de laboratoire était très ancrée dans les soins et nous réalisions différents prélèvements. Aujourd’hui, la formation des techniciens de laboratoire est plus hétérogène et certains ont un profil strictement technique, sans culture du soin, ni dans leur formation, ni dans leur esprit. Ré-élargir, leurs prérogatives, nécessiteraient idéalement, une réflexion avec les différents acteurs du prélèvement : biologistes, techniciens et infirmières“, souligne Myriam Delvigne, présidente du CNP TLM (Conseil national professionnel des techniciens de laboratoire médical).

Dernières recommandations pour le diagnostic de la coqueluche

Dans sa fiche mémo, publiée le 25 juin 2024, sur les “choix et durées d’antibiothérapies : coqueluche chez le nourrisson, l’enfant et l’adulte“, la HAS fait le point sur les méthodes diagnostiques.

Le diagnostic direct est fait à partir d’un prélèvement naso-pharyngé profond :

  • La PCR (Polymerase Chain Reaction) coqueluche en temps réel est une technique très sensible, rapide, utilisable en routine qui permet de détecter l’agent pathogène jusqu’à 3 semaine après le début de la toux (la sensibilité décroit avec la durée de la toux). La PCR coqueluche à visée diagnostique peut être réalisée chez un membre de l’entourage (cas secondaire) qui commence à tousser plutôt que chez le cas index s’il tousse depuis plus de 3 semaines.
  • Les tests PCR multiplex respiratoires ne doivent pas être utilisés en première intention en cas de suspicion de coqueluche car ils sont moins sensibles. Cependant, en cas de tableau non spécifique, un test PCR multiplex est utile.
  • La culture sur milieux spécifiques est moins sensible que la PCR mais sa spécificité est de 100%. Cependant la bactérie pousse difficilement, la culture est longue mais permet de connaitre la sensibilité de la bactérie aux antibiotiques.

La sérologie coqueluche n’a plus sa place dans la stratégie diagnostique de la coqueluche en pratique courante et n’est plus recommandée ni remboursée.

 

 

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