Grippe H5N1 : rappel des mesures de dépistage et prévention
Dans l'objectif de détecter l'émergence d'une grippe aviaire chez l'homme, trois documents viennent conforter la nécessité de réaliser un RT-PCR du type (A/B) et du sous-type (H1 H3) pour les patients présentant des symptômes grippaux et ayant été en contact avec certaines animaux Le SNMB appelle à inclure la grippe aviaire dans le système LABOé-SI.
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La large circulation mondiale chez des animaux du virus influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N1 fait craindre une possible transmission du virus à l’homme. Par un DGS-Urgent, le ministère chargé de la Santé appelle à une vigilance renforcée vis-à-vis de ces virus, pour assurer leur surveillance chez l’être humain et mettre en œuvre les mesures de prévention nécessaires.
Prélèvements et analyses pour dépistage
Messages clés concernant la prise en charge d’un patient avec syndrome grippal avec notion d’exposition à des animaux
- Interroger tout patient avec syndrome grippal sur la notion d’exposition à des animaux, notamment les volailles et les porcs, mais d’autres mammifères peuvent être concernés.
- Devant tout cas possible de grippe aviaire ou porcine, réaliser un prélèvement nasopharyngé (et conjonctival en cas de symptômes oculaires) pour une recherche de grippe par RT-PCR. La recherche doit obligatoirement cibler le type (type A ou B) et le sous-type saisonnier (H1 et H3). Ce prélèvement peut être réalisé, si besoin, par une infirmière.
- La sécurité sociale a étendu la prise en charge du diagnostic de grippe (type et sous-type) et du SARS- CoV-2 par RT-PCR sur prélèvement respiratoire chez des personnes symptomatiques exposées à un virus influenza zoonotique et cela toute l’année.
- En cas de résultat du test positif pour un virus influenza A et négatif ou non conclusif pour un sous-type H1 ou H3, le patient correspond à la définition de cas probable de grippe zoonotique. Un signalement à l’ARS doit être réalisé sans délai.
- Dans l’attente du résultat, afin de réduire le risque de transmission de l’agent pathogène en cause à son entourage, des consignes d’hygiène et de prévention devront être données au patient (limitation des contacts, port du masque et adoption des gestes barrières, limiter les contacts avec les animaux). Un dépliant d’information sur les bons réflexes face aux grippes aviaire et porcine est disponible sur le site de Santé publique France.
- Si le patient nécessite une prise en charge hospitalière, il doit être orienté vers le Samu/Centre 15.
Les chiffres sur 20 ans
- Du 1er janvier 2003 au 12 décembre 2024, 954 cas d’infection humaine par le virus de la grippe aviaire A(H5N1) et 464 décès (taux de létalité de 49 %) ont été signalés dans 24 pays à l’OMS (WHO).
- Récemment, 67 cas humains d’A(H5N1) ont été signalés (40 suite à une exposition avec des vaches laitières infectées, et 23 par des volailles infectées, 1 d’une autre exposition animale et 3 d’exposition inconnue) dans 10 États des États-Unis (CDC). Ces cas marquent la première transmission zoonotique documentée du virus A(H5N1) à partir d’un mammifère.
Procédure du médecin aux laboratoires
Un patient vu en ville pourra être envoyé en laboratoire de biologie médicale de proximité pour réaliser les analyses.Le médecin renseigne alors les parties le concernant de la fiche de renseignements grippe zoonotique, et confie cette fiche au patient, pour que celle-ci soit remise au laboratoire de biologie médicale qui réalisera le prélèvement et complètera le document. Si le sous-typage n’est pas possible auprès du laboratoire de proximité, le prélèvement doit être envoyé sans délai au Centre National de Référence des virus des infections respiratoires (CNR VIR), pour caractérisation virologique et séquençage. Dans le cas où le prélèvement n’est plus disponible, un nouveau prélèvement respiratoire doit être effectué.
Epidémiologie et place des biologistes
Dans un communiqué du mardi 25 février, le SNMB (syndicat national des médecins biologistes), proposait d’utiliser LABOé-SI pour mettre en place une surveillance plus systématisée : centralisation et suivi en temps réel afin que la biologie médicale puisse servir de réelle vigie d’une émergence humaine du virus en France.
De son côté, Les Biologistes Médicaux, début février, saluait la prise en charge des dépistages RT-PCR pour la grippe aviaire mais soulignait qu’il serait aussi important de prendre en charge les analyses pour la recherche de VRS ou d’autres agents pathogènes fréquents en ville.
En cas de cas avéré
En cas de confirmation de l’infection par un virus influenza zoonotique, une concertation entre la Direction générale de la santé, l’Agence régionale de santé, Santé publique France, un infectiologue référent et le CNR sera réalisée afin de définir précisément les modalités les plus adaptées pour la prise en charge du cas confirmé et de ses contacts. Pour plus d’informations sur les modalités de prise en charge d’un cas confirmé de grippe zoonotique (mesures d’hygiène, traitement, désinfection du matériel, etc.), se référer à aux documents cités plus haut (HCSP et COREB).
Des oiseaux aux humains, les pistes de l’émergence
De nombreuses études sont menées pour comprendre les mutations à l’origine du passage du virus des oiseaux aux mammifères et/ou aux humains. Les épidémies au sein des vaches laitières sont maintenant connues et surveillées et le virus a été retrouvé chez de nombreux chats domestiques. Une étude sur l’excrétion des différentes souches de A(H5N1) menée sur des furets en Argentine a montré que les virus A(H5N1) récents présentent un niveau faible mais accru d’excrétion du virus infectieux dans l’air par rapport aux virus A(H5N1) plus anciens. Indiquant que, plus que des mutations permettant au virus d’être adapté aux humains, la piste de la quantité de son excrétion dans l’air facilitant le passage de mammifère à mammifère serait un facteur important de passage vers l’homme.
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