Niveau de pollution de la Seine : alerte sur les JO de Paris 2024 ?

Leptospirose, E. coli ou entérocoques, les eaux de la Seine, restent un risque pour tous ceux qui voudront s'y baigner - même si tous les moyens ont été mis pour limiter la pollution du fleuve et les risques pour les athlètes des JO de Paris 2024. Les experts ont travaillé en amont, les athlètes se préparent à y faire face.

Par Sophie HOGUIN, publié le 06 juin 2024

Niveau de pollution de la Seine : alerte sur les JO de Paris 2024 ?

Alors que la maire de Paris, Anne Hidalgo, a programmé sa baignade le 23 juin, qu’Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques a confirmé la sienne, aussi en juin et qu’Emmanuel Macron laisse planer le suspens, rien n’est pourtant totalement balisé pour une baignade en toute quiétude dans les fleuves d’Ile-de-France.

Un travail d’ingénierie en amont colossal

Le site de la Mairie de Paris, explique que depuis 2015, “la Ville de Paris, l’Etat et les collectivités franciliennes ont plus de 1,4 milliard d’euros pour permettre la tenue des épreuves olympiques et paralympiques en eau libre dans la Seine, et surtout, pour ouvrir plusieurs zones de baignade au grand public pendant l’été 2025”.

Un plan détaillé de préparation pour équiper les stations d’épuration de Valenton (Val-de-Marne) et Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) de systèmes permettant de dépolluer les eaux rejetées en milieu naturel, un plan d’action pour résorber les mauvais branchements dans les habitations pour réduire la contamination des eaux de pluie par les eaux usées, une loi olympique qui a interdit le rejet des eaux usées des bateaux dans le fleuve et équiper les ports en installation de raccordement, et un plan de (re)végétalisation pour que l’eau de pluie s’écoule dans le sol, afin d’éviter les débordements des bassins de stockage en cas de forte pluie.

Un travail de prévention des risques biologiques aussi en amont

La surveillance très régulière des niveaux d’E. coli et d’Entérocoques, conformément aux réglementations européennes, fait apparaître des seuils tout à fait acceptables d’après la Ville de Paris qui explique dans un communiqué rassurant que  « À l’été 2023, la baignade dans la Seine était possible en moyenne 7 jours sur 10, avec des variations selon les sites analysés (84 % au bras Marie, 71 % au pont Alexandre III, 58 % au Pont du Garigliano) ». Des chiffres controversés et remis en cause par la Surfrider Foundation Europe qui fait ses propres prélèvements comme s’en fait l’écho cet article de WeDemain. En outre, hormis les infections liées à ces deux principales bactéries, l’autre grand risque identifié est celui de la leptospirose. Les académies de vétérinaires, de pharmacie et d’agriculture ont rédigé un rapport – paru fin mars 2024- qui émet ainsi un certain nombre de recommandations :

Pour les autorités de santé et sportives

  • Une prise de position sur la pertinence de la vaccination pour les sportifs exposés au risque.
  • Une vigilance concernant l’apparition d’un syndrome grippal, trois à trente jours après l’exposition au risque chez les sportifs et personnels associés, avec un suivi clinique dès les premiers symptômes et la réalisation d’un test diagnostique en laboratoire agréé. Un traitement antibiotique doit être mis en œuvre le plus tôt possible en cas de positivité de ce test.
  • Une information en direction des professionnels de santé, en particulier les médecins et les pharmaciens des équipes sportives de tous les pays, mais aussi les médecins généralistes et les pharmaciens d’officine à propos des risques encourus par les personnes pratiquant des sports aquatiques et nautiques.
  • L’utilisation de pansements étanches, la contamination se faisant essentiellement via les plaies et les égratignures (mais le contact répété avec l’eau contaminée est également en cause).

A l’attention des pouvoirs publics

  • La mesure à intervalles réguliers des concentrations de leptospires dans les eaux des sites olympiques, le plus tôt possible.
  • L’évaluation de l’intérêt et de la faisabilité d’un piégeage systématique des rongeurs excréteurs urinaires de leptospires, en vue de la régulation de leur population.
  • La mise en place d’un plan de secours pour le déroulement des épreuves pour proposer des eaux de qualité sanitaire correcte en cas d’événements hydrologiques exceptionnels, le plus à craindre étant la sécheresse, qui provoque une concentration de leptospires dans les eaux contaminées.

Des sportifs “habitués”

Côté sportif – les seuils d’autorisation de tenue des épreuves aquatiques sont moins exigeants que pour la baignade grand public – on se prépare sans inquiétude particulière : Tokyo, Rio, Londres, les épreuves en milieu “naturel” pollué ne sont pas une nouveauté. Un article d’Eurosport relaie ainsi les techniques et modes de préparation de l’équipe de triathlon britannique à base de probiotiques et de désinfection immédiate à l’Hibiscrub !

Un webinaire pour faire le point sur la leptospirose

Le mardi 11 juin 2024, un webinaire One Health, proposé par les laboratoires Cerba propose de faire le point sur la leptospirose à destination des médecins, biologistes et vétérinaires. Il sera animé par le Dr Sabine Trombert-Paolantoni, le Dr Kristina Museux et le Dr Mathieu Picardeau.

Dans la même rubrique