Les biologistes ne veulent pas se soumettre* à LABoé-SI dans ces conditions

Après plusieurs alertes et demandes auprès des autorités, les quatre syndicats de la biologie médicale ont signé un communiqué commun dans lequel ils expliquent les raisons de l'arrêt de leur participation au projet LABOé-SI.

Par Sophie HOGUIN, publié le 30 mai 2024

Les biologistes ne veulent pas se soumettre* à LABoé-SI dans ces conditions

Dans un contexte où la profession est régulièrement malmenée, et non reconnue à la hauteur de son investissement humain et financier, les représentants [des biologistes médicaux] ont décidé d’arrêter leur participation à ce projet, tant qu’il n’y aura pas de signal positif fort de la part des autorités.

C’est ainsi que se conclut le communiqué intersyndical du 29 mai, signé par les quatre organisations représentatives de la biologie médicale française : le SDBIO, les Biologistes médicaux (Les Biomed), le SNMB et le SLBC.

Des demandes de longues dates

Le sujet est sur la table depuis de longs mois (voir par exemple cette news). Avec des tutelles qui se renvoient la balle pour savoir laquelle doit décider le pourquoi et le comment sur la rémunération des actes effectués par les biologistes pour alimenter le nouveau système de suivi épidémiologique LABOé-SI qui doit prendre totalement la suite du SIDEP début septembre (voir cette news).

Une co-construction oubliée

Comme le souligne le communiqué, si, en 2021, “les premières phases du projet ont été co-construites avec la profession à l’image de ce qui avait fait pour SIDEP – début 2022, les biologistes ont été exclus du projet.”

Ils ont ensuite été informés des décisions prises (liste des maladies, calendrier) et “Ce n’est qu’en octobre 2023 que les biologistes ont été informés du déploiement de LABOé-SI en prévision des fortes concentrations de personnes en provenance de nombreux pays pour les JO de Paris 2024“, précise le document.

Dengue et JO

Les biologistes répètent donc une fois encore “qu’ils ont toujours été favorables au développement d’un outil de surveillance épidémiologique“, et que “dans le contexte actuel d’émergence de cas importés de dengue, et ils se sont fortement impliqués dans la mise en place des pilotes” notamment pour pouvoir faire face à une éventuelle émergence lors des JO de Paris. Face à leur implication, à un système LABOé-SI toujours “à l’état de projet“, sans co-construction et sans valorisation du travail fourni par une cotation des actes comme c’était le cas avec le SIDEP, les biologistes font une grève de la soumission* à LABOé-SI.

 

Note de la rédaction : *L’emploi des termes soumettre et soumission est évidemment un clin d’oeil, au principal ouvrage d’Etienne de la Boétie, “Discours sur la servitude volontaire” (1548)