Partenariat Alcediag-Synlab : une rencontre humaine et scientifique

Synlab et Alcediag lancent en France le test sanguin myEdit-B, un test d’aide au diagnostic différencié dépression - trouble bipolaire. Disponible à partir d’avril 2024 dans le réseau Synlab, il constitue une réelle nouveauté pour le diagnostic psychiatrique. Il est le fruit de 10 ans de recherche et d’un partenariat fait pour durer comme nous l’explique Alexandra Prieux – présidente d’Alcediag - et Florian Scherrer - directeur médical de Synlab France.

Propos recueillis par Sophie Hoguin, publié le 25 mars 2024

Partenariat Alcediag-Synlab : une rencontre humaine et scientifique
Biologiste365 : Pourquoi et comment Alcediag a choisi Synlab comme partenaire ?

Alexandra Prieux : Un partenariat, cela reste aussi une histoire de rencontres, une histoire humaine et, quand nous avons cherché un partenaire pour notre test, j’ai trouvé chez Synlab des hommes et des femmes à la fois très professionnels et très humains ce qui a permis d’installer un climat de travail serein et dans la confiance. Une nécessité pour envisager un partenariat qui doit durer dans le temps.

Biologiste365 : Pourquoi Synlab a choisi de s’investir sur ce test plus particulièrement ?

Florian Scherrer : Je rejoins ce que dit Alexandra sur le côté humain. De notre côté, une partie de notre activité consiste à suivre toutes les innovations biomédicales : le travail effectué ces 10 dernières années par Alcediag nous a convaincu que c’était un partenaire fiable et d’excellence. Par ailleurs, ce test constitue une réelle possibilité de proposer une aide aux patients et aux cliniciens, ce qui est la motivation de notre métier de biologiste médical.

« C’est à nous, laboratoires, d’être pro-actifs, moteurs, et de faire preuve d’engagement pour la santé publique »

Biologiste365 : Vous lancez la commercialisation officielle de ce test en avril 2024, il n’est pas encore remboursé par la sécurité sociale, est-ce que la procédure est en cours ? Est-ce un frein important ?

Alexandra Prieux : La procédure est en cours, mais le chemin vers le remboursement est encore long. Une étude clinique spécifique a été lancée. Elle est co-financée par BpiFrance dans le cadre de France 2030 et se fait en partenariat avec le Professeur Chantal Henry du GHU Paris – psychiatrie et neurosciences (Sainte-Anne) mais également avec des cliniques psychiatriques comme le groupe Clariane (ex-Korian).

Florian Scherrer : L’absence de prise en charge peut effectivement constituer un frein pour l’accès à ce diagnostic pour certains patients.  C’est aussi à nous, laboratoires d’être moteurs, de faire preuve de dynamisme et d’engagement en tant qu’acteurs responsables de santé publique. Si nous ne sommes pas pro-actifs et que nous attendons que tout le processus pour aboutir au remboursement soit terminé, il existe un risque réel de perte de chances pour le patient.

Biologiste365 : Quel est l’accueil des psychiatres aujourd’hui face à ce test ?

Alexandra Prieux : Partout dans le monde, l’accueil de la communauté des psychiatres est positif ! Il y a un vrai consensus sur ce besoin de pouvoir objectiver la différence entre dépression et trouble bipolaire. C’est d’ailleurs très motivant d’avoir ce soutien des cliniciens.

Florian Scherrer : L’accueil est très positif et a notamment été confirmé lors de sa présentation au congrès de l’Encéphale en janvier 2024 avec la communauté des psychiatres francophones. Il y a également une fierté que le test ait été conçu et développé en France.

Biologiste365 : En raison de liens historiques, le test a été lancé en Italie – maintenant en France, d’autres pays sont visés ? Avez-vous d’autres projets en commun en cours ?

Florian Scherrer : Nous allons déployer la commercialisation dans d’autres pays d’Europe. Cela va se faire progressivement et en collaboration étroite avec les professionnels de santé.

Alexandra Prieux : Notre partenariat est solide et conçu pour du long terme, donc nous nous tournerons bien évidemment vers Synlab pour d’autres de nos développements. Nos recherches s’orientent sur des sujets où le besoin clinique est important comme la dépression post-partum car ce sont des femmes qui généralement n’ont pas accès aux psychiatres donc l’aide au diagnostic est d’autant plus importante. Nous avons d’autres axes de recherche comme la schizophrénie ou encore la réponse aux traitements tels que les antidépresseurs pour lesquels il faut aujourd’hui attendre 6 semaines pour savoir s’ils fonctionnent ou pas.

Comment fonctionne le test MyEDIT-B ?

Informations fournies par Synlab et Alcediag

Parcours de soin
infographie décrivant le parcours de soin avec l'utilisation du test sanguin myEDIT-B

Crédit Synlab/Alcediag

Technique

Techniquement, myEDIT-B mesure les modifications d’édition d’ARN de marqueurs spécifiques dans le sang des patients. Synlab utilise la technologie de pointe du séquençage de nouvelle génération (NGS) avec un algorithme développé, grâce aux technologies d’intelligence artificielle, par la société Alcediag qui a conduit les recherches et le développement de ce test. Ces techniques d’apprentis- sage statistiques, connues sur le nom de machine learning, ont ainsi permis de sélectionner spécifiquement 8 séquences d’ARN sur lesquelles analyser l’édition d’ARN (sur plusieurs milliers éditées) pour obtenir une signature différentielle des dépressions unipolaires et bipolaires. Ces algorithmes prennent aussi en compte des données multifactorielles comme l’âge, le sexe, les traitements et les addictions.

L’ensemble des biomarqueurs sanguins développés par la société Alcediag sont épigénétiques et donc liés à l’environnement. Comparés à des biomarqueurs génétiques qui mettent en évidence par exemple une vulnérabilité héréditaire, les biomarqueurs épigénétiques développés par Alcediag sont dynamiques : ils identifient à la fois la maladie à un moment donné ainsi que son évolution dans le temps.

En savoir plus :

  1. https://www.alcediag-alcen.com/
  2. https://www.synlab.fr/
  3. Biologistes infos – octobre 2023
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