Outre-mer : Deux fois plus de diabètes de type 2
Le BEH du 14 novembre est entièrement consacré au diabète dans les DROM. Le constat est préoccupant : une prévalence du diabète de type 2 fois supérieure à l'hexagone avec une population touchée plus spécifiquement féminine, pauvre et parfois non couverte médicalement.
Le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) de Santé Publique France du 14 novembre 2023 rappelle que depuis 7 ans, Santé Publique France, scrute plus particulièrement les populations ultramarines pour objectiver et mettre en place un suivi afin de définir des priorités d’actions en matière de santé publique. Le constat “d’une forte prévalence des maladies chroniques, avec en particulier des taux de surpoids et d’obésité élevés, faisant le lit du diabète et de ses complications, notamment l’insuffisance rénale” a poussé à étudier de près la problématique du diabète dans ces territoires.
Une prévalence plus que doublée
Les différentes études menées ont confirmé la forte prévalence du diabète : “de l’ordre de 12% aux Antilles et en Guyane et de 13,6% à La Réunion” 5,7% dans l’Hexagone(étude Esteban 2014-2016). Ces chiffres étant peut-être sous-estimés, précise François Bourdillon dans son document, car il faudrait probablement ajouter à ces pourcentages, 3 à 4% de personnes “qui se sont déclarées non diabétiques, mais ayant déclaré qu’un médecin leur avait déjà dit qu’ils avaient « un petit diabète » ou « un début de diabète, mais pas trop grave ». Cependant, un point positif : “Le diabète connu est traité pharmacologiquement à 90-93% aux Antilles et en Guyane ; à 82% à La Réunion, ce qui est plus élevé que dans l’Hexagone (79%).”
Une prédominance féminine
D’un point de vue des caractéristiques démographiques et socio-économiques, on peut retenir : “une prédominance féminine, une part plus importante de patients avec un niveau socio-économique défavorable et une part importante de patients sans Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C)” (données étude Entred 3).
Des causes génétiques ?
Le document précise aussi que “la découverte en Guyane et à La Réunion d’un diabète de type 2 chez des personnes plus jeunes et de corpulence moindre interroge sur l’existence possible de susceptibilité génétique ou épigénétique.”
Des actions à contextualiser
Ces études permettent désormais de mettre en place un suivi tant sur le plan strictement médical que sur l’impact des actions mises en place et sur l’évolution des facteurs de risques. A la Réunion, où le travail de prévention a déjà été entamé, on constate que les facteurs de risques n’ont pas vraiment évolué : obésité, hypertension artérielle, faible consommation de fruits et légumes, pratique d’activité physique insuffisante, excès de consommation d’alcool et de tabac, accompagné d’une transition alimentaire défavorable : recul des féculents et tubercules traditionnels, des végétaux, et augmentation de consommation des protéines animales, des sucres et des produits transformés.
De la politique à la personnalisation des soins
D’un point vue macro, François Bourdillon s’interroge sur les politiques publiques alimentaires en outre-mer : bilan de la loi Hurel (imposant un taux de sucre égal dans les produits ultramarins et hexagonaux), encadrement de la publicité des produits trop sucrés, salés, gras auprès des enfants, introduction du nutriscore etc. Par ailleurs, il ressort des différentes études auprès des patients et de l’accès aux soins qu’il est nécessaire de bien connaître le contexte locale pour adapter les mesures et le discours aux spécificités culturelles des populations et qu’il faudrait favoriser une approche individualisée du diabète avec une éducation thérapeutique permettant à chaque patient d’adapter les mesures et soins prescrits au mieux selon sa situation personnelle.
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