Réactions fortes à la démission du ministre de la santé, Aurélien Rousseau
Comme il l'avait annoncé, en cas de vote de la loi "immigration" dans sa version la plus dure et comportant notamment la suppression de l'aide médicale d'Etat, Aurélien Rousseau, ministre de la santé a proposé sa démission qui a été actée ce 20 décembre 2023.
Chose promise, chose due.
Aurélien Rousseau a démissionné de son poste de ministre de la santé dans la journée du 20 décembre 2023 en réaction au vote de la loi immigration au Parlement. Il déplorait notamment la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME). Il a notamment expliqué dans une interview accordée au Monde que “cela touchait aux murs porteurs” et qu’il lui était “cliniquement impossible d’expliquer ce texte“.
L’intérim sera assuré par Agnès Firmin Le Bodo qui était chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé
Le geste salué d’un ministre éclair
Ainsi “Le SDBIO regrette le départ d’Aurélien Rousseau du ministère de la Santé mais respecte les convictions qui l’ont conduit à prendre cette décision.” Même son de cloche pour Les Libéraux de Santé (LDS), qui regroupent les 10 principaux syndicats représentatifs de professionnels de santé libéraux et “regrettent la démission d’Aurélien Rousseau en qui ils avaient trouvé un partenaire engagé et ouvert au dialogue.”
De son côté, le syndicat APH (Action Praticiens Hôpital) dans son communiqué “salue le courage d’un homme et d’un ministre qui est allé au bout de ses propres convictions” mais regrette “le départ de son ministre de tutelle nommé il y a quelques mois seulement.”
Effectivement, Aurélien Rousseau poursuit la valse des occupants du ministère de la Santé, APH s’insurge ainsi “Ce ministère en est à son troisième ministre en un an et demi ! Quand cela va-t-il s’arrêter ?”
Un départ avec des dossiers en suspens
Pour les partenaires sociaux et les professionnels de santé, ces incessants changements sont une source d’instabililté et d’immobilité difficile à encaisser, ainsi APH poursuit dans son communiqué “c’est la troisième fois que le Président de la République et la Première Ministre appuient sur le bouton reset ! Toutes les discussions, tous les chantiers en cours vont s’arrêter net, tous les engagements et toutes les promesses vont s’évanouir tout aussi brutalement. Des heures de discussions, d’explications et de justifications effacées en quelques heures […] Les hospitaliers sont très résilients, ils ont été patients mais ils sont aujourd’hui à la limite de ce qu’ils peuvent supporter !“
Du côté des biologistes, le mois de janvier devait être un moment privilégié de réflexion sur la profession, cela va-t-il être remis en cause. Le SDBIO s’interroge en réaffirmant ses espérances ” Le SDBIO espère que son/sa successeur/successeuse confirmera la mission sur l’avenir de la biologie et suivra ses travaux avec la même dynamique et la même volonté d’aboutir.” Car cette mission était un enjeu majeur pour les biologistes, c’était l’occasion, précise le SDBIO “de repositionner le biologiste au cœur de l’équipe de soin en lui donnant enfin un rôle à la hauteur de ce que son expertise peut apporter aux patients et aux autres professionnels de santé à chaque étape des parcours de santé et de soins.”
Des valeurs qui tiennent à coeur aux médecins
Comme le souligne les LDS, mais aussi ne nombreuses autres organisations professionnelles ou syndicales de médecins, l’Aide Médicale d’Etat est aussi un symbole, “Il s’agissait, et il s’agit toujours, de préserver les valeurs du système de santé français fondé sur l’universalisme, pour préserver l’accès aux soins de tous“.
Et Aurélien Rousseau, était pour de nombreux médecins porteurs de projets importants pour tout le système de santé, ainsi précise le communique des LDS “Un travail de transformation de l’organisation des soins et de refondation des métiers de santé a été initié au lendemain de la crise sanitaire. Il ne doit pas s’arrêter. Des lois et des textes règlementaires sont attendus. Ils doivent notamment préparer notre société à l’autonomie et au grand âge, organiser la fin de vie, organiser la santé dans les territoires, transformer les métiers de santé en restaurant leur attractivité, développer la prévention, renforcer la sécurité des soignants et sans doute revoir le financement de la santé. Ils ne doivent pas faire les frais de la situation politique actuelle.”