Suivi épidémiologique : les biologistes veulent être rémunérés

Un communiqué du SNMB, syndicat national des médecins biologistes du 19 février 2024, s’insurge contre l’absence de rémunération des biologistes pour l’alimentation du nouveau système LABOé-SI.

En effet, pendant l’épidémie de SARS-CoV2, un système de suivi épidémiologique de la Covid-19, alimenté par les biologistes avait été mis en place et prévoyait une cotation d’un B3 soit 0,75 euro pour le recueil, la vérification et la transmission des données. Depuis l’été 2023, ce système a été remplacé par LABOé-SI (voir cet article), une plateforme encore en phase pilote mais qui doit permettre à terme de suivre les trois principales infections respiratoires aiguës (Covid-19, grippe, VRS) et les arboviroses (dengue, chikungunya, Zika et Nil occidental).

Aucune rémunération prévue

Le SNMB souligne ainsi que “contrairement à ce qui avait été mis en place au moment du SI-DEP, les autorités ne prévoient aucune indemnisation des biologistes pour ce recueil d’information” et demande “à la Direction Générale de la Santé de reconnaître le rôle déterminant des biologistes dans le cadre du système LABOé-SI“.

Contactés, François Blanchecotte, président du SDBio confirme que depuis le début des discussions sur LABOé-SI cette rémunération forfaitaire a été demandée et Jean-Claude Azoulay, président du SNMB, précise ainsi que “depuis des mois le sujet est sur la table mais que les différentes instances se renvoient la balle pour la prise de décision finale. Nous, biologistes, sommes évidemment, volontaires pour ce travail qui est essentiel pour le suivi des épidémies et pour ajuster les modes de diagnostics, mesurer l’efficacité des campagnes de prévention etc., mais nous voulons une reconnaissance de notre contribution, aussi symbolique soit-elle” conclut-il.

Une lutte continuelle

Ce n’est pas nouveau – pour les biologistes médicaux, c’est une lutte continuelle pour faire reconnaître leur expertise et leur travail. Comme sur de nombreux sujets, les biologistes font face à des ordres et contre-ordes, à des décisions parfois rationnellement discutables. Ainsi complète Lionel Barrand, président du syndicat Les Biologistes Médicaux, “depuis 2019, nous avons alerté les autorités sur la nécessité de faire une analyse médico-économique sur l’utilité des PCR multiplex respiratoires lors des épidémies hivernales, mais au final les autorités ont décidé d’analyser en priorité les TROD respiratoires plutôt que la PCR, alors que l’on connaît leurs faiblesses en termes de performances.”, et d’un autre côté, “une note DGS-Urgent souligne l’importance des résultats PCR grippe-covid-VRS alors que la PCR pour la grippe et le VRS ne sont pas remboursés…” (voir aussi cet article)

Une lutte pour la reconnaissance de l’expertise des biologistes qui fatigue – biologistes médicaux privés et publics.

Le communiqué du SNMB précise que “Depuis le début de l’hiver 2023, Santé Publique France et les centres de référence ont installé un dispositif pilote de surveillance national des trois principaux virus hivernaux que sont la grippe, le Covid et le VRS (bronchiolite). Grace au maillage national des laboratoires de ville, les résultats de tests PCR sont disponibles et transmis toutes les semaines. Ces précieuses données permettent aux autorités sanitaires un suivi épidémiologique détaillé, ainsi qu’une évaluation « en vie réelle » de l’efficacité des traitements préventifs comme la vaccination contre la grippe, la Covid ou le VRS.“